Marchés financiers : le consommateur américain sous surveillance

Asset Management - Aux Etats-Unis, les investisseurs sur les marchés surveillent de près le moral des consommateurs. Quels indicateurs faut-il surveiller cette semaine ? Les explications d'Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France.

La consommation est la clé de voute de l’économie américaine et donc l’évolution du moral des consommateur et ses comportements d’achat sont scrutés à la loupe, à la fois par les responsables politiques mais aussi par les marchés financiers.

Pression sur la Réserve fédérale

La Maison-Blanche a clairement accru la pression sur la Réserve Fédérale depuis le début de l’année pour s’assurer que la trajectoire de l’inflation reste sous contrôle mais surtout que la progression retrouve une trajectoire plus normale. Et c’est ce que le président de la Fed s’est attaché à rappeler lors de sa dernière conférence de presse en soulignant l’importance du mandat concernant la stabilité des prix.

Même si la Maison-Blanche a essayé d’arrondir les angles lors de la dernière publication des chiffres d’inflation, en invitant à se focaliser sur la progression mensuelle des prix plutôt que la progression annuelle, et en indiquant que la lecture des chiffres était toujours cohérente avec la trajectoire anticipée, le mécontentement des consommateurs américains est là.

Moral des consommateurs

Selon l’étude de l’Université du Michigan, le moral des consommateurs américain est tombé à son plus bas niveau depuis…octobre 2011 ! Nous savons que cette étude peut faire ressortir des positions partisanes et donc que selon la couleur politique du consommateur sondé, les réponses peuvent être volontairement négatives en fonction du président en place. Mais les derniers chiffres montrent que même au sein des consommateurs Démocrates, le moral diminue et l’inflation ressort comme la principale crainte.

Cette situation n’est pas tenable pour la Maison Blanche en vue des élections de mi-mandat et il y a fort à parier que la pression politique sur la Fed ne retombe pas tant qu’une inflexion significative de la trajectoire des prix n’est pas observée. La structure de l’inflation américaine montre qu’une partie de la hausse des prix n’est pas dépendante de l’action de la Fed — comme l’énergie ou la hausse du prix de certains biens liée aux problèmes mondiaux d’approvisionnement.

Mais l’inflation s’est élargie ces derniers mois à toutes les catégories : biens, services, alimentation et énergie. Certes la progression des salaires permet d’en absorber une partie, mais la dégradation du moral des consommateurs sur des plus bas de 11 ans montre qu’il y a un problème et qu’il faut le régler.

Surveiller les ventes au détail

Ce mercredi 16 février sera donc une journée importante pour les marchés et pour la Fed. Le chiffre des ventes au détail pour le mois de janvier sera communiqué. Et il sera étroitement surveillé car le chiffre de décembre avait été décevant avec un repli de 1,9 %, soit la plus forte baisse depuis février 2021. Sachant que ce chiffre de décembre faisait également à une faible progression de 0,2 % en novembre. La vague Omicron avait alors été avancée pour expliquer le repli marqué de décembre.

Pour le chiffre des ventes au détail de janvier, qui sera communiqué mercredi après-midi, le consensus est élevé, les analystes attendent un rebond de 2 %. Un chiffre en-dessous des attentes serait rapidement imputé à l’inflation et accroîtrait la pression sur la Fed pour accélérer la normalisation de sa politique monétaire… avec le risque des voir les taux américains se tendre un peu plus et notamment les taux courts, entretenant la volatilité sur les indices boursiers américains.

Et quelques heures après ce chiffre des ventes au détail seront communiquées les minutes de la dernière réunion de la Fed. A n’en pas douter, encore une journée importante pour les marchés.

Alexandre Baradez - IG France

Responsable Analyses Marchés

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