Marchés financiers : la lumière est-elle au bout du tunnel ?

Asset Management - Au premier semestre 2022, l'inflation flambe à travers le monde. En zone euro, le contexte macroéconomique renforce les anticipations de resserrement monétaire. Quelles perspectives se dessinent ? L'éclairage d'Olivier Guillou, Directeur de la gestion chez Ecofi.

La semaine économique a mis en évidence l’impact considérable de la flambée du prix des matières premières et des denrées agricoles sur l’économie mondiale. L’inflation progresse partout dans le monde et les publications de PIB déçoivent.

Etats-Unis, hausse de la courbe des taux

Ainsi, aux Etats-Unis, le PIB a-t-il surpris au premier trimestre avec une baisse de 1,4 %, soit une forte décélération par rapport à l’augmentation de 6,9 % du quatrième trimestre. Cela s’explique par une augmentation importante du déficit commercial et un ralentissement de l’investissement dans les stocks par rapport au quatrième trimestre, qui a soustrait 3,2 et 0,8 points à la croissance annualisée du PIB.

Malgré cela, la demande intérieure a été solide au premier trimestre. La consommation personnelle a augmenté de 2,7 % sur le trimestre annualisé, aidée par le transfert des biens vers les services. L’investissement fixe réel des entreprises, en particulier dans l’équipement, a été robuste, tandis que l’investissement résidentiel réel a un peu augmenté, reflétant une légère reprise des mises en chantier.

Ces chiffres, confrontés aux chiffres de l’inflation, ouvrent la voie à une hausse de 50 points de base (pbs) des Fed funds, qui sera suivie par d’autres hausses. Nous estimons que le taux des Fed funds dépassera les 2 % d’ici la fin de l’année. La réunion de la Fed cette semaine sera donc surveillée attentivement. Face à une Fed « behind the curve », la courbe des taux américaine reste relativement stable, mais à un niveau élevé, car les craintes de récession progressent, le chemin de la Fed vers un « soft landing » de l’économie américaine étant étroit.

De l’Europe à la Chine, le ralentissement

En Europe, l’actualité était tournée vers la publication des chiffres d’inflation, qui ont elles aussi surpris, mais à la hausse. Mais est-ce une surprise ? L’inflation en zone Euro s’établit à 7,5 % (« headline »), en hausse dans l’ensemble des pays (sauf l’Espagne) ; la France affiche 5,4 %. Nous voyons également une progression de l’inflation « core » européenne à 3,5 %.

Face à cet environnement adverse, les anticipations de resserrement monétaire en zone euro progressent également. L’espérance d’un reflux au tournant de l’été demeure, mais les incertitudes sont grandes à court terme, y compris sur le plan géopolitique, avec une escalade en Ukraine.

L’annonce par la Russie de la coupure d’approvisionnement de gaz à la Pologne et à la Bulgarie n’est pas anodine et annonce une forte volatilité des prix à venir. Cela devrait peser sur la croissance. En Chine, le confinement lié au Covid augmente également les inquiétudes de ralentissement de la croissance mondiale, en dépit des mesures de soutien à l’économie mises en place par les autorités monétaires.

Conséquences sur les entreprises

Face à ce flot de mauvaises nouvelles, la semaine financière traduit une correction des actifs risqués, notamment aux Etats-Unis, alors que l’Europe résiste dans la baisse, les bonnes publications des entreprises aidant. L’indice MSCI WORLD a baissé de 3 % sur la semaine. Le début de la saison des publications de résultats met en exergue les problématiques de coûts avec des avertissements sur les résultats retentissants (Amazon, Netflix, Boeing, etc.).

Olivier Guillou - Ecofi

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