Marchés financiers : hors de contrôle

Asset Management - Marchés actions, dettes souveraines et crédit aux entreprises... La crise du coronavirus continue de perturber les marchés financiers. Face à cette situation inédites, les banques centrales et les Etats mettent en place des mesures exceptionnelles. L'analyse d'Olivier Guillou, Directeur de la gestion chez Ecofi Investissements.

Le scénario redouté prend corps avec une propagation de l’épidémie du Covid-19, dont l’unique parade à ce stade consiste au confinement des populations — 1 milliard de personnes dans le monde à ce jour. La prévision d’une forte contraction de la croissance mondiale au cours du premier semestre suivie d’une reprise progressive, mais entraînant une récession en 2020 similaire à celle de 2009, voit sa probabilité augmenter.

Marchés actions et soutien aux entreprises

Les marchés actions se sont ajustés sur ces bases, sans pour autant avoir des certitudes sur la date de contrôle de l’épidémie compte tenu de l’évolution Est-Ouest, alors que de plus en plus de cas sont signalés en Inde et en Afrique.

Nous noterons néanmoins que les marchés européens ont progressé sur la semaine (EuroStoxx +4,2 %), après les annonces de la Banque centrale européenne (BCE). Outre-Atlantique, le S&P 500 a baissé de 3,4 %. La situation se dégrade fortement et fait craindre une propagation rapide. Les taux souverains en zone euro — notamment ceux des pays du Sud — ont fortement baissé à la faveur des achats de la BCE et de l’annonce d’un programme d’achat supplémentaire de 750 milliards d’euros.

Nous évoquons même la possibilité d’Euro-Bonds ou de « Corona-Bonds », par exemple pour nationaliser des entreprises en difficulté ou refinancer les pertes d’activité du secteur privé transférées au secteur public. Les stratégies des gouvernements privilégient le chômage partiel, le report de charges pour maximiser les chances de rebond une fois la crise passée : cela aura un coût gigantesque en termes de pourcentage du PIB.

Marché de la dette et action des banques centrales

Les craintes sur le marché de la dette se sont en revanche concrétisées cette semaine, avec paradoxalement un marché primaire actif. Quelques obligations corporate européennes se sont présentées avec succès, comme
Unilever ou Engie. Toutes les segments sont touchés, soit en raison des flux négatifs — liquidations massives sur des fonds à effet de levier — soit en raison des craintes sur la liquidité et la capacité de résistance des entreprises, notamment celles qui sont fortement endettées (high yield).

Le marché américain a baissé fortement sur la semaine. Ces écartements de spreads sont synonymes de crise de liquidités et/ou d’absences d’acheteurs en dépit des taux devenus très attractifs relativement au niveau de début 2020. Il y a pourtant beaucoup de signaux favorables pour stabiliser les marchés financiers.

C’est le cas des mesures prises par les banques centrales — programme de 750 milliards d’euros de la BCE sous forme de PEPP (Pandemic Emergency Purchase Program) — et de celles de l’Union européenne (UE) qui a suspendu des règles fiscales du pacte de stabilité et de croissance ; ou encore des annonces de soutien à l’économie dans beaucoup de pays — soit directement, soit via le système bancaire — et de l’annonce de l’Allemagne du renoncement à son équilibre budgétaire.

Olivier Guillou - Ecofi

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