Marchés financiers : Fed, la séparation

Asset Management - La Réserve fédérale américaine (Fed) a clarifié sa position sur les rachats d'actifs en fin de semaine dernière. Quelles conséquences aura la réduction progressive de son programme d'assouplissement quantitatif (tapering) sur les marchés financiers ? L'éclairage de César Perez Ruiz, Responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management.

Le président de la Réserve fédérale (Fed) a prononcé ce vendredi 27 août son discours tant attendu à l’occasion de la conférence de Jackson Hole. Le principal message à retenir est que la réduction progressive du programme d’assouplissement quantitatif de la Fed reste bien séparée d’une éventuelle remontée des taux. Le dollar s’est replié dans la foulée du discours. Et sur fond de regain d’appétit pour le risque, le S&P 500 s’est hissé à un nouveau sommet.

USA, santé économique insolente

Nous restons négatifs sur le dollar américain. la réaffirmation par le président de la Fed de sa conviction que les forces désinflationnistes à long terme restent à l’œuvre et que la poussée d’inflation actuelle sera temporaire a fait reculer les taux à long terme très légèrement, et ce malgré l’éventualité d’une réduction du programme d’assouplissement quantitatif d’ici la fin de l’année.

Les statistiques économiques restent bonnes aux Etats-Unis, à l’instar de la hausse de 1,1 % du revenu des ménages enregistrée en juillet. Nous regarderons de près les chiffres mensuels sur l’emploi américain — qui seront publiés ce vendredi 3 septembre — ainsi que la composante « emploi » des indices des directeurs d’achat et la confiance des ménages pour confirmation de la santé insolente de l’économie américaine.

Entre inflation et réglementation

Préoccupée par les risques menaçant la stabilité financière (en d’autres termes une bulle spéculative alimentée par la dette), la Banque de Corée du Sud a rehaussé son taux directeur de 25 points de base la semaine dernière. Tout porte à croire que la banque centrale coréenne continuera a resserrer sa politique monétaire. D’autres banques centrales ne partagent pas toute cette inquiétude mais plus l’inflation reste élevée, plus cette inquiétude pourrait se propager.

Malgré les récents tours de vis réglementaires, les valeurs technologiques chinoises ont rebondi en bourse la semaine dernière, portées par leurs bons résultats, ainsi que par les dons de bienfaisance qu’elles ont réalisés au profit des populations locales afin d’inciter le gouvernement à réduire la pression à leur encontre.

Nous continuons à privilégier les actions des marchés développés aux actions des marchés émergents. Ailleurs, le parti communiste chinois s’attaque à la culture dite du « 9-9-6 » (qui consiste à travailler de 9h du matin à 9h du soir, six jours sur sept) et exhorte les entreprises à mettre moins de pression sur leurs employés.

Risques politiques, en quête d’unité

En Europe, l’issue des élections fédérales allemandes reste très incertaine, puisque le SPD comble son retard dans les sondages. Une coalition tripartite semble probable et les combinaisons possibles sont nombreuses. En France, Michel Barnier, ancien commissaire européen chargé de négocier avec le Royaume-Uni sur le Brexit, a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2022.

L’ancien ministre de centre droit veut réunir une France qu’il juge de plus en plus divisée. Aux États-Unis, la mort de 13 soldats américains a érodé un peu plus la cote de popularité du Président Biden, au moment même où se déroulent des négociations très importantes au Congrès sur son plan d’infrastructure humaine de 3 500 milliards de dollars, sur le plafond de la dette fédérale et sur le budget du gouvernement en 2022.

César Pérez Ruiz - Pictet Wealth Management

Directeur des investissements & CIO

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