Marchés financiers : en route pour 2023

Asset Management - Flambée inflationniste, resserrement monétaire, risque de récession... L'année boursière 2023 s'ouvre sur un contexte macroéconomique délicat. Quelles statistiques faudra-t-il surveiller cette semaine ? L'éclairage de Vincent Boy, Analyste marchés chez IG France.

Les marchés financiers ont souffert en 2022. L’année 2023 ne s’annonce pas moins mouvementée, alors que l’année boursière devrait réellement démarrer aujourd’hui. La plupart des places en Asie et aux Etats-Unis étaient fermés durant la séance d’hier, malgré cela, les bourses européennes ont plutôt bien démarré l’année, mais dans des volumes faibles hier.

L’année, a certes été difficile pour les valeurs de croissance et notamment les valeurs technologiques. En revanche, les sociétés dites cycliques s’en sont plutôt bien tirées en 2022. L’indice américain Dow Jones 30 a clôturé sur une baisse de seulement 10 %, de son côté, l’indice français CAC 40, a terminé l’année sur une baisse de 12 %. Et ce, malgré le resserrement monétaire, les problèmes d’inflation, la guerre en Ukraine et la crise énergétique.

Une semaine qui donne le ton

Cela traduit les inquiétudes des investisseurs sur le coût de financement pour les sociétés de croissance, mais également, qu’ils ne prennent pas en compte les effets du resserrement de la politique monétaire sur l’économie, ainsi que du risque important de récession.

En revanche, l’année 2023 pourrait conduire les investisseurs à se tourner davantage vers le risque de fort ralentissement de l’économie mondiale et de récession plus grave, qu’éventuellement anticipée par certains. Dans ce scénario, privilégié selon nous, les valeurs cycliques pourraient tirer la tendance baissière une partie de l’année et les indices Dow Jones ou CAC, devraient en être parmi les premiers impactés.

Au-delà de ce scénario 2023, la première semaine de l’année devrait être plutôt suivie par les investisseurs, avec de nombreuses statistiques de premier plan en Europe, comme aux Etats-Unis. Ce mardi 3 janvier, nous serons attentifs à l’inflation en Allemagne, qui pourrait à nouveau chuter et rassurer les marchés. Dans l’après-midi, le PMI manufacturier au Etats-Unis sera également analysé, afin de déceler tout ralentissement de l’activité.

Quelles statistiques surveiller ?

Ce mercredi 4 janvier, les PMI de services en Allemagne et pour la zone euro seront également scrutés par les marchés, avant le PMI manufacturier de l’ISM aux US, très surveillé par les investisseurs. Le rapport JOLTS, sur le niveau des offres d’emplois et les minutes de la Fed, seront également publiés en fin de journée.

Ce jeudi 5 janvier, nous serons attentifs au PMI Caixin en Chine, puis, aux créations d’emplois dans le secteur non-agricoles de l’agence ADP, aux inscriptions au chômage et au PMI de services aux Etats-Unis. Enfin, ce vendredi 6 janvier, les ventes au détail et les commandes à l’industrie en Allemagne, puis l’IPC en zone euro seront les principales statistiques analysées par les marchés dans la matinée — avant de se tourner vers les Etats-Unis, avec le taux de chômage, les NFP et le PMI des services de l’ISM.

Ces statistiques US seront déterminantes, pour savoir où se situe l’économie américaine en ce début 2023. Un ralentissement de l’activité économique et de l’emploi, modéré, devrait satisfaire encore les marchés, car ils y verront le rapprochement d’une politique monétaire moins restrictive, sans anticiper de récession. Un fort ralentissement au contraire, pourrait permettre un rebond très court terme pour les mêmes raisons, mais probablement conduire à une forte baisse par la suite sur fond de prise en compte d’une probable récession à venir.

Un œil sur la Chine et sur les cryptos

Cette semaine, la Chine sera également sous surveillance, avec la réouverture du pays, et l’ouverture des frontières. Le rebond économique pourrait prendre plus de temps qu’anticipé par les investisseurs, au vu des statistiques publiées dernièrement sur l’activité manufacturière et de service notamment. Par ailleurs, le risque sanitaire pourrait être surveillé de très près, compte-tenu de l’explosion du nombre de cas, suite à la réouverture du pays.

Sur le marché des cryptomonnaies enfin, le patron de Gemini, connu pour ses liens avec le patron de Facebook, lorsqu’ils étaient à Harvard ensemble, a donné une date limite (le 8 janvier) au patron de DCG, pour trouver une solution concernant les fonds toujours bloqués par la société Genesis. Celle-ci avait annoncé il y a 48 jours, un gel des retraits pour l’intégralité de ses clients. Genesis avait placé 30 % de ses avoirs chez FTX…

Vincent Boy - IG France

Analyste

Voir tous les articles de Vincent