Marchés financiers : deuxième round

Asset Management - Entre inflation, crise sanitaire et risques géopolitiques, les marchés financiers suivent le rythme des banques centrales. Quelles perspectives au deuxième trimestre 2022 ? Le point avec César Perez Ruiz, Responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management.

Les grandes banques centrales tiennent toujours les marchés en haleine, notamment la Banque centrale européenne (BCE) qui, la semaine dernière, n’a guère clarifié ses intentions en matière de hausse des taux. Cette situation a entraîné l’euro jusqu’à son plus bas niveau depuis mars 2020.

Sur les marchés obligataires, le rendement du Bund allemand à 10 ans a progressé à 0,84 %, tandis que les taux à 30 ans atteignaient leur niveau le plus élevé depuis trois ans. Dans le même temps, le ton agressif de la Réserve fédérale américaine et la hausse de 12,5 % des prix à l’importation ont propulsé le 10 ans américain à 2,82 %, son plus haut niveau depuis 2018.

Chine, l’impact du « zéro covid »

En conséquence, le yen a encore reculé pour atteindre un point bas face au dollar depuis 2015. Nous sommes positifs face aux actions japonaises. De son côté, la Banque populaire de Chine a abaissé son taux de réserves obligatoires de 25 points de base (pb) pour les grandes banques et de 50 pb pour les plus petites. Les autorités incitent également les établissements de crédit à abaisser le taux des dépôts — mais rien ne garantit que ces mesures stimuleront l’économie, compte tenu de la faiblesse persistante de la demande de crédit.

La banque centrale chinoise tente ainsi de compenser l’impact négatif des confinements stricts imposés à des villes telles que Shanghai. Si des composantes clés ont faibli, à l’instar de la consommation, la croissance du PIB chinois au premier trimestre 2022 est ressortie à 4,8 %, un chiffre supérieur aux anticipations. Mais les données mensuelles ont indiqué une détérioration notable en fin de trimestre, ce qui laisse présager d’un début de deuxième trimestre moins robuste. Nous préférons les marchés d’Asie du Sud-Est au marché chinois.

Europe, le poids du risque politique

Alors que les pays européens réduisent progressivement leurs importations de pétrole russe, le président Poutine a menacé de réorienter les exportations d’énergie de l’Occident vers l’Asie. Il a également évoqué des « conséquences imprévisibles » si les Etats-Unis continuaient d’apporter un soutien militaire à l’Ukraine. En France, nous suivrons cette semaine le débat entre le président sortant Emmanuel Macron et sa rivale Marine Le Pen, crucial pour le second tour des élections présidentielles de dimanche prochain. La volatilité devrait persister sur les marchés.

Dans ce contexte, la saison des résultats du premier trimestre a débuté sur une note positive. Favorisés par la volatilité, les résultats de trading ont permis aux banques d’investissement américaines d’afficher des bénéfices supérieurs aux estimations. Les investisseurs demeurent néanmoins préoccupés par la hausse des provisions que risque d’imposer le prochain ralentissement économique. Les résultats de l’enquête NFIB sur la confiance des petites entreprises ont ainsi chuté en mars à leur plus bas niveau en deux ans.

Le petit oiseau va-t-il prendre sa volée ?

Dans le même temps, l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, a proposé de racheter Twitter à 54,2 dollars par action, ce qui valorise l’entreprise à 43 milliards de dollars. Afin de résister à cette offre d’achat hostile, Twitter émettra très probablement de nouvelles actions au bénéfice des actionnaires existants. Nous sommes positifs concernant les fusions et acquisitions et les stratégies event-driven.

César Pérez Ruiz - Pictet Wealth Management

Directeur des investissements & CIO

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