Marchés financiers : action, réaction… et maintenant récession ?

Asset Management - Face à l'inflation mondiale, les banques centrales poursuivent les remontées de leurs taux directeurs. Comment cette stratégie monétaire affecte-elle les marchés financiers ? Les explications d'Olivier Guillou, Directeur de la gestion chez Ecofi.

Cette semaine, plusieurs banques centrales ont poursuivi leur processus de remontée des taux directeurs alors que certains indicateurs plaident pour un ralentissement de la croissance. Ainsi, aux Etats-Unis, le FOMC a-t-il décidé de relever, comme prévu, ses taux directeurs de 50 points de base, amenant la fourchette des Fed funds à 0,75 % / 1,00 %.

Dans son discours, Jérome Powel, au vu d’une inflation très préoccupante, envisage de procéder à plusieurs hausses des taux de cette ampleur et a annoncé une réduction du bilan de la Fed dès le mois de juin pour un montant de 47,5 milliards de dollars puis de 95 milliards à partir de septembre.

Prévisions des banques centrales

En Angleterre, la Banque centrale (BoE), anticipant un pic d’inflation à 10 %, a poursuivi son processus de remontée de ses taux directeurs de 25 points de base, à 1,00 %. Elle a toutefois révisé ses prévisions de croissance et anticipe, au vu du choc inflationniste sur les ménages, une récession dès 2023.

En Australie, la Reserve Bank of Australia (RBA), a augmenté plus fortement que prévu ses taux directeurs, à 0,35 %, compte tenu d’une accélération des salaires, même si elle considère qu’une grande partie des tensions provient des goulets d’étranglement. En Europe, plusieurs membres de la Banque centrale envisagent une remontée des taux dès l’été, laissant anticiper un retour du taux de dépôt sur des niveaux positifs avant fin 2022.

Ces indicateurs d’activité en berne

Parallèlement, certains indicateurs d’activité déçoivent. Aux Etats-Unis, les indicateurs avancés (ISM manufacturier et ISM service) déclinent. Dans la zone euro, si les PMI se maintiennent, nous notons un net recul des ventes au détail, notamment en Allemagne où les statistiques de production et de commandes sont aussi orientées à la baisse.

En Chine, les PMI reculent encore pour se rapprocher des niveaux du printemps 2020. Toutefois, l’emploi américain reste robuste. En avril, 428 000 emplois ont été créés, et le taux de chômage reste stable, à 3,6 %. La progression des salaires est forte, à 5,5 % en glissement annuel, et conforte la Fed dans sa volonté de se rapprocher rapidement du taux directeur neutre.

Quel impact sur les marchés financiers ?

Dans ce contexte, et alors que les prix du pétrole restaient élevés, les taux d’intérêt à long terme, proches de niveaux symboliques (1 % sur le 10 ans allemand et 3 % sur le 10 ans US) en début de semaine, ont encore fortement remonté en fin de semaine, à respectivement 3,13 % et 1,13 %. Les courbes de taux se sont pentifiées, la Fed ayant signalé qu’une hausse des taux de 75 points de base avait été exclue lors du dernier FOMC.

Avec la remontée de l’aversion au risque, et la perspective d’une politique monétaire européenne plus restrictive, les pays périphériques européens ont nettement sous-performé l’Allemagne. Le dollar reste la monnaie forte, bénéficiant de la politique monétaire agressive de la Fed et de l’enlisement du conflit en Ukraine.

Les marchés actions finissent la semaine dans le rouge en raison d’une réinterprétation du message délivré par la Réserve fédérale américaine, soit la perception d’une banque centrale plus fébrile dans son combat contre l’inflation qui ne montre pas de signe d’essoufflement.

Olivier Guillou - Ecofi

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