Marchés boursiers : que faire quand les obligations sont trop chères ?

Asset Management - Tensions au mois de décembre 2018, décélération de la croissance en Europe et aux Etats-Unis... Les marchés ont connu en ce début d'année 2019 une transition chahutée. Dans ces conditions, comment obtenir une rentabilité supérieure à celle des obligations ? Guillaume Dard, Président de Montpensier Finance, partage son analyse.

Lors de notre conférence d’automne fin novembre, nous avions indiqué que 2019 serait « une année sous tensions ». Le conflit sino-américain nous inquiétait. Le « reset monétaire » entamé, à savoir le dégonflement du bilan de la FED, risquait de nuire gravement à la liquidité mondiale. La croissance, après avoir décéléré successivement en Chine et en Europe au printemps, connaissait un premier coup d’arrêt aux Etats-Unis.

Wilfrid Galand et moi avions tort et raison à la fois. C’était en fait le mois de décembre qui allait se révéler sous très haute tension.

Les tensions de décembre ont perturbé les marchés

En annonçant la poursuite de sa politique restrictive, Jerome Powell sonnait début décembre le clairon de la débandade des marchés. Le S&P 500 a connu en décembre 2018 son plus mauvais mois depuis 1931 ! Les bourses mondiales à l’unisson, ont subi une crise de nerfs à l’image des rues de Paris un samedi de gilets jaunes.

Début 2019, FED en tête, les banquiers centraux ont tourné casaque. Jerome Powell a revêtu la tenue de colombe de Janet Yellen. Plusieurs dirigeants de la BCE ont suggéré des initiatives pour fournir de nouveaux financements aux banques. La Banque Centrale de Chine a arrosé les banques commerciales de liquidités et assoupli leurs contraintes de réserves obligatoires. S’en sont suivis 700 milliards de dollars de crédit pour l’économie chinoise.

Le marché des changes a fait preuve d’une stabilité peu commune, le dollar et l’euro évoluant dans une fourchette de 2 %, le yuan regagnant une partie de sa baisse d’automne et les devises émergentes s’affermissant globalement. Sur le front géopolitique, Donald Trump, pour lancer sa campagne de réélection, a changé de ton vis-à-vis des autorités chinoises, redonnant ainsi le moral à Wall Street.

Ralentissement de la croissance aux Etats-Unis et en Europe

Par rapport à nos trois inquiétudes émises lors de notre conférence, subsiste la décélération de la croissance économique qui se poursuit aux Etats-Unis et en Europe. Si l’on est optimiste, il est possible de discerner un effet « fond de piscine » en Chine, où notre indicateur MMS a repris quelques points s’établissant à 32 contre 26 au plus bas.

A ce stade, une saison très convenable des publications des entreprises européennes a contribué au rebond des bourses du Vieux Continent. Nos gérants estiment qu’il faut veiller à séparer au mieux le bon grain de l’ivraie. Néanmoins, au pays où les obligations sont trop chères, avec un Bund allemand à 0,10 %, le dividende des actions européennes semble un bon parachute. Les investisseurs institutionnels et privés sont loin d’être surinvestis. En Europe, le rendement des actions (3,50% / 4%) et l’optionnalité des obligations convertibles ne doivent pas être négligés.

En conclusion, il faut profiter des à-coups de volatilité à venir

La hausse boursière des deux derniers mois est certes rapide, mais à moins d’un coup de folie de Donald Trump ou d’une dérobade chinoise, les à-coups de volatilité, probables dans les mois à venir, devront être mis à profit pour obtenir une rentabilité supérieure à celle des obligations.

Guillaume Dard - Montpensier Finance

Président de Montpensier Finance

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