Marchés actions : la bourde de Janet Yellen

Asset Management - La semaine dernière, Janet Yellen a évoqué la nécessité d'une hausse des taux avant de rétro-pédaler. Quel impact sur les valorisations des marchés ? L'analyse de César Perez Ruiz, Responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management.

Les marchés ont dû composer avec des signes contradictoires la semaine dernière. Mardi 4 avril, la secrétaire du Trésor américain et ancienne présidente de la Réserve fédérale (Fed), Janet Yellen, a déclaré qu’une hausse des taux pourrait se révéler nécessaire, alors même que sa fonction actuelle ne lui permet pas de se prononcer sur la politique monétaire. S’en est ensuivie une correction des marchés, notamment dans les secteurs affichant des valorisations élevées.

Mais Janet Yellen a fait marche arrière, ce qui a entraîné un rebond des marchés. La vigueur de l’économie britannique a poussé la Banque d’Angleterre à réduire le rythme de ses achats d’obligations. Dans le même sens, un membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) a déclaré que l’institution monétaire pourrait également réduire son programme d’achat d’actifs dès le mois de juin.

Poussée de volatilité

Pour clôturer la semaine, la publication de chiffres de l’emploi moins bons que prévu aux États-Unis a poussé la Fed à aller plus loin dans sa rhétorique conciliante. Les taux d’intérêt à long terme et le dollar se sont repliés, tandis que le S&P 500 a atteint un nouveau sommet.

Tous ces événements ont engendré une poussée de volatilité. Nous sommes désormais plus prudents vis-à-vis des perspectives à court terme des marchés actions. À l’heure où certaines entreprises américaines peinent à pourvoir certains emplois, il semble que certains travailleurs préfèrent rester chez eux pour percevoir des indemnités de chômage généreuses.

Dans la mesure où cela reflète un problème davantage du côté de la demande que de l’offre, il se pourrait que les entreprises soient contraintes de rehausser les salaires, ce qui pourrait entraîner une accélération de l’inflation. Dans cette perspective, les prévisions d’inflation incorporées par le marché des taux ont franchi les 2,5 %, soit leur plus haut niveau depuis 2013. Nous continuons à sous-pondérer les obligations souveraines. 

Vigueur de la reprise

Lors de la réunion du G7 qui s’est tenue la semaine dernière, les chefs d’État ont accentué leur pression coordonnée sur la Chine, rendant peu probable une accalmie dans les tensions qui opposent Washington à Pékin. Malgré ce contexte, les statistiques commerciales de la Chine montrent que l’économie mondiale se porte très bien. Les exportations et importations chinoises ont augmenté respectivement de 32 % et 4 3% en glissement annuel en avril.

Les carnets de commandes des manufacturiers allemands ont fourni une confirmation de la vigueur de la demande mondiale, de même que le cours des matières premières : les métaux industriels, et tout particulièrement le cuivre, ont atteint de nouveaux sommets la semaine dernière. Nous nous retrouvons désormais avec des stocks bas et délais de livraison très longs simultanément pour la première fois depuis 25 ans.

Parallèlement, l’économie américaine rouvre, à l’image du trafic de passagers dans les aéroports américains, qui a atteint son plus haut niveau depuis 2020 jeudi dernier. Les entreprises américaines ont publié de bons chiffres tout au long de la saison des résultats du premier trimestre. Le taux de croissance pondéré des bénéfices du S&P 500 ressort désormais à 49 %, en hausse de 24 % par rapport au début de l’année. Nous privilégions les entreprises jouissant d’un fort pouvoir de fixation des prix et qui affiche une exposition diversifiée aux actions.

César Pérez Ruiz - Pictet Wealth Management

Directeur des investissements & CIO

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