Marché de la dette et frictions commerciales

Asset Management - Le Président Trump, tout attaché à honorer au moins par ses Tweets ses promesses électorales, semble vouloir déclarer une guerre commerciale.

Indépendamment de savoir si ces propos trouveront leur concrétisation dans la montée réelle du protectionnisme et de nombreuses taxations douanières, une résistance logique du Congrès américain devrait freiner les ardeurs du défenseur de la Middle class, son électorat.

La réalisation effective des frictions commerciales en actes concrets implique de nombreux désavantages et risques qui tempèrent notre opinion sur leur faisabilité. Sauf à penser que l’expérience de l’homme d’affaires à la tête des États-Unis ait disparu sous la pression d’un ego politique (ou médiatique) encore plus surdimensionné que ce que nous pouvions imaginer.

L’instauration de barrières douanières influencera inévitablement les prix de vente des produits importés y compris les milliers d’Iphone assemblés en Chine et dont la facture représente déjà une part non négligeable du déficit commercial.

Ces hausses de prix seront le ciment de la baisse du pouvoir d’achat des ménages à moins que les salaires ne progressent de concert. Dans ce cas, cela ôterait inévitablement de la compétitivité au Made in U.S.A et influerait négativement sur les marges des entreprise.

La conséquence directe de ces hausses de prix réside dans une accélération inévitable de l’inflation et peut venir perturber la gradualité si souvent exprimée et volontaire de la Réserve Fédérale dans sa politique de normalisation des taux. C’est donc une accélération de la hausse des taux d’intervention de la Banque Centrale qui se répercute inévitablement sur les taux longs.

Indépendamment de l’effet ralentisseur sur l’activité, néfaste au Président Trump à quelques mois des élections de Mid Term, cette hausse des taux longs renchérirait la charge de la dette américaine au moment où, sous l’influence de la réforme fiscale, le déficit budgétaire est appelé à se creuser au risque d’atteindre 5% du PIB dans les années à venir. Certes, la réforme fiscale peut dynamiser la croissance avec l’appui de meilleures rentrées fiscales mais ceci n’est valable que si la croissance n’est pas endiguée par des hausses de taux trop fréquentes et précoces.

Enfin, nul ne peut ignorer qu’une bonne partie de cette dette américaine est détenue par son ennemi commercial (enfin tel que défini par M. Trump) et l’on ne peut écarter l’idée , pour le moins, d’un chantage de la Chine de ne plus financer la dette US. Menaces plus que actes réels mais dans une guerre des mots, la culture chinoise et Confucius sont plus prolixes que Samuel Colt.

Pascal Bernachon

Gérant chez KBL Richelieu

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