L’euro a horreur du vide

Asset Management - La réunion annuelle des banques centrales a eu lieu la semaine dernière dans le Wyoming. Les attentes étaient fortes vis-à-vis des discours de Janet Yellen et de Mario Draghi. Finalement, l’exercice a surtout servi à réaliser un bilan à l’occasion du dixième anniversaire du début de la crise financière.

Janet Yellen était attendue pour clarifier un peu plus la suite de sa politique de resserrement monétaire (hausses de taux à venir et début de la réduction du bilan de la FED) mais le sujet a été éludé et les anticipations du marché n’ont pas changé : une nouvelle hausse de taux en 2017 est attendue avec une probabilité de seulement 33%.

Mario Draghi était quant à lui attendu sur deux thèmes. Tout d’abord sur la suite de sa politique de « quantitative easing » qui doit s’achever à la fin de l’année si rien n’est annoncé d’ici là. Mais la faiblesse de l’inflation actuelle et les perspectives pour les années à venir (loin de la cible des 2%) ne sont pas de nature à laisser envisager un retrait soudain des mesures accommodantes.

Ensuite sur le renforcement de l’euro depuis le début de l’année : +13.79% face au dollar (au 28/08) et +9.11% face à un panier de devises pondérées par les échanges commerciaux de la zone. Ce renchérissement est de nature à peser sur l’inflation de la zone et sur la compétitivité des entreprises exportatrices. Bien sûr, la devise n’est pas un objectif du mandat de la BCE, mais par effet d’entraînement, le niveau de l’euro peut avoir un impact sur les objectifs du mandat de Mario Draghi (inflation et croissance). Si l’appréciation de l’euro devient un sujet d’inquiétude pour la BCE, Mario Draghi devra donc se prêter à un exercice d’équilibriste pour peser sur le change sans avoir l’air d’en faire une priorité. Pour le moment, il n’a pas choisi d’endosser cette responsabilité.

Finalement, un sujet a été au cœur des discours de la FED et de la BCE sans jamais être cité nommément : Donald Trump. Par des circonvolutions autour des risques liés au protectionnisme et à la dérégulation financière, le président américain et son programme économique ont été la cible des banquiers centraux lors de ce sommet.

Globalement, les actifs financiers ont peu bougé sur la journée de vendredi dernier, seul l’euro a évolué significativement face au dollar, passant de 1.18 à 1.1925 en fin de journée, au plus haut depuis plus de 2 ans et demi.

Au-delà des questions monétaires, les positions spéculatives sont historiquement très tendues en faveur de l’euro, ce qui est souvent un signe avant-coureur de retournement ; il nous semble que le taux de change EUR/USD a plus de chances de rebaisser un peu que de continuer à s’apprécier, du moins à l’horizon de quelques semaines.

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Clément Inbona - LFDE

Gérant analyste

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