La gestion obligataire active peut surperformer

Asset Management - Entre l'inflation et les changements de politiques monétaires, le marché est chahuté. Comment le marché obligataire peut performer dans ce contexte ? L'analyse de Xavier Hourcq, Directeur de la sélection de fonds chez Mirabaud.

Une sélection optimale de gérants actifs est une des clefs pour accompagner les normalisations des politiques monétaires et les ajustements de valorisations qui les accompagnent.  L’année 2022 est notamment marquée par les changements de politiques de la Réserve Fédérale Américaine et de la BCE, qui se sont engagées dans des mécanismes de resserrement de leurs taux directeurs pour lutter contre l’inflation.  Dans l’univers obligataire, ces nouvelles politiques ont déclenché un fort mouvement de remontées des taux d’intérêts sur l’ensemble des courbes gouvernementales tout comme des écartements significatifs de spreads de crédit. 

Des outils de gestion passive

Ainsi, l’indice Bloomberg des obligations souveraines américaines est en retrait de plus de -10% depuis le début de l’année alors que son homologue global flanche quant à lui de plus de -16%.  Idem pour l’indice de crédit global qui est également en retrait de plus de -18% !  Dans l’univers des marchés actions, les incertitudes liées à ces remontées de taux ont également causé des dégâts substantiels puisque le S&P 500 enregistre une baisse d’environ -17%, tout comme son homologue européen l’EuroStoxx 50. 

Dans ce contexte, un investisseur utilisant des outils de gestion passive enregistrerait les mêmes performances négatives pour chaque classe d’actif.  En revanche, un investisseur privilégiant les gérants actifs aurait la possibilité de générer une surperformance.  Prenons le cas d’une stratégie de gestion de taux sur les courbes gouvernementales, un fonds positionné avec une exposition négative en duration depuis le début de l’année aura permis de générer une performance absolue positive contre une performance négative pour l’indice de référence. 

Il en va de même dans l’univers du crédit, pour laquelle une sélection qualitative et une allocation dynamique à certains types d’émetteurs aura également permis de réduire l’exposition aux pans de marché ayant connu les baisses les plus significatives, tel que l’univers des obligations spéculatives (High Yield).  Dans les marchés actions, une gestion dynamique de l’exposition aux titres de croissance en faveur de ceux de valeur, en début d’année, aura là-encore entrainé une performance relative positive. 

La nécessité d’une sélection optimale

Mais, il serait trop simpliste de s’arrêter là et de penser que toute gestion active aurait été la panacée.  En fait, rien n’est acquis et ce même concept de gestion active peut amener à des sous-performances si la sélection de gérants n’est pas menée de manière optimale.  Pour éviter cet écueil, une combinaison d’analyses qualitatives et quantitatives est primordiale. 

Celle-ci passe notamment par la vérification d’un certain nombre de critères tels que, sur le plan de l’investissement, la stabilité de l’équipe de gestion et le comportement du fonds selon les environnements de marché ainsi que, sur un aspect plus opérationnel, la solidité de l’organisation du gérant ainsi qu’une bonne granularité du passif.  En tout état de cause, les mois à venir semblent encore vouloir nous réserver nombre d’incertitudes (récession? baisse de l’inflation ?), et dans ce contexte, trier le bon grain de l’ivraie sera primordial pour générer un ratio rendement / risque supérieur.