Krach : les marchés surveillent les soutiens monétaires et budgétaires

Asset Management - Les risques liés au coronavirus secouent les marchés financiers. A quelles politiques monétaires et budgétaires les investisseurs peuvent-ils s'attendre ? Vincent Boy, Analyste marché chez IG France, partage son analyse.

La prise de conscience des investisseurs du risque lié au coronavirus a emmené les marchés là où on ne l’imaginait pas il y a encore 3 semaines, lorsque les principaux indices américains atteignaient encore de nouveaux plus hauts historiques chaque semaine, voire chaque jour.

Alors que l’Italie a décidé ce mardi 10 mars d’élargir les restrictions de déplacement uniquement au travail et aux urgences à tout le pays, les marchés devraient quand même rebondir, à court terme du moins.

Les principaux indices Futures européens progressent actuellement entre 3 % et 6 % ce matin sur fond d’espoir quant à la mise en place de mesures budgétaires, fiscales et monétaires de la plupart des économies mondiales.

Du côté de chez l’Oncle Sam

Aux Etats-Unis, le président américain devrait tenir une conférence dans la journée pour annoncer des mesures de soutiens importantes et notamment de baisses d’impôts pour booster la consommation, qui représente environ 70 % du PIB de la première puissance mondiale.

Le président américain craint de devoir annoncer des mises en quarantaine à travers le pays, ce qui serait néfaste pour la consommation et très probablement sa réélection lors des élections présidentielles du 3 novembre prochain.

Les probabilités d’une baisse de taux de la Fed sont maintenant de 97 % pour 75 points de base, alors qu’hier les probabilités étaient plutôt pour une baisse de 100 pdb pour la réunion du mois de mars. Si les banques centrales mettent en place toutes les mesures possibles avant d’en connaitre le réel impact, elles pourraient se retrouver sans marge de manœuvre par la suite.

Réactions des banques centrales

Au Japon, Shinzō Abe presse la BOJ d’annoncer de nouvelles mesures afin de ne pas laisser le pays sombrer dans la récession alors que le PIB pour le T4 est ressorti en baisse de 1,8 %, du fait notamment de la hausse de la TVA dans le pays en octobre dernier ce qui a déjà pesé sur la consommation au sein de la 3e puissance mondiale.

La Banque centrale européenne (BCE) est attendue ce jeudi 12 mars pour sa décision de politique monétaire, lors de laquelle les investisseurs attendent une annonce sur une augmentation du volume de rachat d’actifs — actuellement à 20 Mds€ par mois — plutôt qu’une modification des taux.

Face au krach pétrolier

Au-delà de ces interventions, les investisseurs surveillent le marché du pétrole et la chute spectaculaire durant la séance du lundi 9 mars — allant jusqu’à 33 % — suite à la guerre des prix engagée par l’Arabie Saoudite contre la Russie. Avec les craintes sur la demande et maintenant sur l’offre — qui ne peut plus compter sur les mesures de l’OPEC/OPEC+ — le prix du pétrole pourrait rester sous pression dans les mois à venir, voire au-delà si aucun accord n’est trouvé.

La baisse de la production pourrait maintenant venir des Etats-Unis, devenu 1er producteur mondial avec le doublement de la production de pétrole non conventionnel. Aux USA, les producteurs ont besoin d’un baril au-delà des 40$ pour continuer à faire des profits.

L’Arabie Saoudite pourrait tenter de trouver un consensus avec la Russie ou les autres membres de l’OPEC. Le premier exportateur mondial a besoin d’un prix supérieur à 50$ le baril pour conserver une activité rentable. Pendant ce temps, la Russie a prévenu qu’elle possédait des réserves lui permettant de tenir 6 à 10 ans en cas de prix inférieur à 30$ à moyen terme.

Vincent Boy - IG France

Analyste

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