Inflation : les consommateurs souffrent

Asset Management - Le niveau de confiance des consommateurs est en forte baisse aux Etats-Unis et en Europe. Est-ce les prémisses d'un ralentissement abrupt de l'économie ? Les explications de Xavier Chapard, Recherche & Stratégie chez La Banque Postale Asset Management (LBP AM).

Les marchés tendent à se stabiliser après le rebond technique de ces deux dernières semaines, tout en restant très volatils. Ils bénéficient des signes de reprise en Asie — réouverture en Chine et rebond de la consommation au Japon — et de la stabilisation des anticipations de hausse de taux directeurs après qu’elles aient fortement augmentées au début du mois.

La position de la BCE

Beaucoup de mauvaises nouvelles sont déjà dans les prix des actifs, ce qui limite le potentiel de baisse. Mais, nous restons prudents dans un contexte où les perspectives économiques se dégradent, où l’inflation ne ralentit pas (encore ?) et où les banques centrales continuent de vouloir resserrer leur politique monétaire rapidement.

Christine Lagarde a rassuré les marchés ce mardi, en indiquant que la BCE pourrait utiliser la flexibilité dans les réinvestissements du PEPP à partir du 1er juillet et en confirmant que la BCE présenterait un nouvel instrument plus puissant pour combattre le risque de fragmentation financière. Cela permet à l’écart entre les taux dix ans italiens et allemands de repasser sous les 190pb.

Mais, la contrepartie de la réduction du risque financier est que la BCE pourra remonter ses taux plus rapidement pour combattre l’inflation, ce qui n’est pas au total très positif pour les actifs risqués européens.

La confiance des consommateurs en baisse

Sur le plan des données économiques, les mauvaises surprises s’accumulent des deux côtés de l’Atlantique. Les enquêtes des Fed régionales confirment que l’économie américaine ralentit nettement en juin alors que l’enquête IFO sur le climat des affaires en Allemagne pour le mois de juin est venue confirmer les inquiétudes sur l’évolution de l’activité future.

Mais, c’est surtout la confiance des consommateurs qui chute de nouveau fortement aux Etats-Unis comme en Europe et atteint en septembre des niveaux très faibles — un plus bas depuis plus de dix ans aux Etats-Unis, en Zone Euro et un plus bas historique au Royaume-Uni. D’un côté, ce n’est pas étonnant que les ménages soient de plus en plus pessimistes face à la hausse des prix et, désormais, au resserrement des conditions financières.

Mais, d’un autre côté, la rapidité et l’ampleur de la baisse de la confiance des ménages, alors même que les marchés de l’emploi sont encore solides, nous font craindre un ralentissement très marqué de l’économie dans les prochains mois. En effet, si ces enquêtes ne sont pas infaillibles pour prévoir le cycle économique, elles sont peut-être les meilleurs indicateurs avancés dont nous disposions.