Indices boursiers : des vents contraires depuis 15 jours

Asset Management - Tandis que la crise sanitaire mondiale se prolonge, les marchés financiers traversent une période difficile. Malgré le soutien massif des banques centrales, le scénario d'une reprise économique en V semble s'éloigner. Quels facteurs alimentent la volatilité sur les marchés ? Le point avec Alexandre Baradez, Responsable Analyses Marchés chez IG France.

Le rebond des indices — qui s’était nettement accéléré en mai et début juin — est perturbé depuis deux semaines par un mix d’éléments qui ont ramené un peu plus de volatilité, alors que les résultats des entreprises pour le deuxième trimestre se profilent en juillet.

Politiques monétaires

Le rebond des indices s’est d’abord fait avec les interventions massives des banques centrales et le sentiment qu’elles resteraient présentes tant qu’un retour à la « normale » ne serait pas observé. Que ce soit la Fed, la BCE, la Banque du Japon ou encore la Banque d’Angleterre, toutes ont affiché une volonté sans faille dans leur soutien.

Mais la vision relativement prudente du président de la Réserve Fédérale sur la vitesse de reprise économique et des craintes affichées sur le retour à l’emploi ont rappelé aux marchés, lors de la dernière réunion de la Fed, que la vitesse d’expansion du bilan n’était pas la garantie d’une reprise rapide de l’économie.

Repli du bilan de la Fed

Nous observons également depuis 2 semaines un ralentissement de la vitesse d’expansion du bilan de la Fed qui, après avoir atteint 7 170 milliards de dollars début juin, a reculé la semaine dernière sous 7 100 milliards de dollars. C’est la première fois depuis le début de la crise sanitaire qu’un repli du bilan est observé.

Cela ne signifie évidemment pas que la banque centrale va cesser son soutien monétaire, mais après une très forte poussée des indices, tout élément lié aux banques centrales qui détone par rapport à la trajectoire des derniers mois peut attiser la nervosité.

USA, une deuxième vague ?

L’élément principal à l’origine du regain de volatilité sur les marchés — en parallèle des déclarations prudentes de Powell — est l’évolution du nombre de cas de coronavirus dans le monde et surtout aux Etats-Unis.

Plusieurs états américains ont vu le nombre de nouveaux cas s’envoler après une période de baisse ou de plateau. Au point de pousser certaines entreprises comme Apple à annoncer de nouvelles fermetures de magasins, faisant craindre une reprise poussive de la consommation, moteur de la croissance.

Marchés actions, la consolidation

Tout ce qui peut éloigner l’hypothèse d’une reprise en V de l’économie américaine risque clairement de pousser les marchés actions dans une phase plus longue de consolidation, malgré un soutien toujours actif des banques centrales.

Les investisseurs peuvent accepter de payer des multiples de valorisation plus élevés pendant quelques temps, s’ils ont l’impression que la reprise économique n’est pas loin et qu’elle sera suffisamment soutenue pour entraîner un retour à la normale.

S’ils se rendent compte qu’ils ont payé trop cher un scénario qui tarde à se réaliser, la prudence peut rapidement de réinstaller malgré des flux de liquidité toujours présents.

Volatilité, les risques géopolitiques

Sans oublier que les sujets habituels de volatilité de ces dernières années n’ont pas disparu : les tensions entre les Etats-Unis et la Chine, malgré la réunion récente entre le Secrétaire d’Etat américain et un haut diplomate chinois, et les tensions entre les Etats-Unis et l’Allemagne.

L’annonce par le président américain du retrait de milliers de soldats d’Allemagne montre que les relations sont loin d’être normalisées, entre participation aux dépenses de l’OTAN, pipeline Nord Stream 2 ou refus de participer au G7 par la chancelière allemande.

Les questions commerciales pourraient à nouveau s’inviter pendant la campagne, au moment où l’Europe veut avancer sur la question des taxes sur le numérique visant évidemment les géants américains. En plus de tous ces éléments, l’absence presque totale de visibilité sur les résultats du deuxième trimestre pourrait légitimement pousser à une phase plus consolidante sur les indices boursiers.

Alexandre Baradez - IG France

Responsable Analyses Marchés

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