Gestion d’actifs institutionnelle : institution et asset manager ont un rôle complémentaire

Asset Management - La gestion d’actifs institutionnelle s’inscrit dans le cadre d’un process qui va de l’étape de l’allocation à celle du contrôle, dans lequel l’institutionnel client et l’asset manager fournisseur occupent chacun un rôle complémentaire, réglementairement et contractuellement normé, non interchangeable.

En amont, relèvent de la responsabilité pleine et entière de l’institution, la définition d’un couple rendement/risque, la déclinaison d’une allocation stratégique, la présentation et l’explication pour la validation par le conseil d’administration. Celui-ci valide une allocation à moyen/long terme entre grands classes d’actifs (obligations, actions, convertibles…) qui doit être en adéquation avec plusieurs éléments dont nécessairement :

  • le passif de l’institution,
  • un objectif de rendement comptable et/ou de performance financière et/ou extra financière,
  • un objectif de budget risque (en termes de SCR, VAR…)
  • les marges de manœuvre accordées à l’allocation tactique sous forme de bornes sur les différentes classes d’actifs et les règles d’investissement.

L’Institution peut faire le choix de déléguer la gestion du portefeuille, qui est un métier à part entière, dans le cadre d’une prestation de service global en gestion.

L’asset manager prend alors en charge la construction du portefeuille, la sélection des supports et les ajustements tactiques dans le cadre de son propre process de gestion. Celui-ci intègre les conditions de marché et ses convictions, dans le cadre stratégique préalablement défini par le client. Dans ce cadre, l’asset manager précise notamment l’allocation par sous-classes d’actifs, détermine les sur ou sous expositions et gère de manière dynamique le budget risque. De leur côté, les gérants mettent en œuvre de manière concrète cette politique dans le respect des limites tactiques (et en amont stratégiques). Ils passent concrètement les ordres d’achat/vente sur les différents instruments financiers éligibles, dans un environnement organisationnel sécurisé, agréé par l’AMF.

Le reporting : élément crucial du service global en gestion assuré par l’asset manager

L’asset manager élabore les éléments de reporting correspondant aux besoins spécifiques de l’institution dans le respect des délais impartis :

  • En élaborant le reporting de gestion, qui intègre traditionnellement les données comptables (pour les données assurantielles les surcotes décotes, réserve de capitalisation, +/- values réalisées et latentes), financières (performances, analyse et répartition du portefeuille) et extra-financières.
  • Mais également les différents états du reporting réglementaire (exigences liées au Pilier 3 « communication financière » de Solvabilité 2) en prenant notamment en charge la transparisation des portefeuilles ou tout autre élément permettant de faciliter le calcul du SCR par l’investisseur (pour les exigences liées au Pilier 1 « quantitatif » de Solvabilité 2).
  • Il produit également le reporting extra financier dans le cadre de l’article 173 de la loi de transition énergétique.

L’asset manager peut également assurer un rôle de conseil, lorsque l’institution sollicite son avis sur ses sujets de compétence, pour fournir des éléments d’aide à la décision. Le tout facilitant la définition de l’allocation stratégique, rôle essentiel et exclusif du conseil d’administration du client.

La délégation de la gestion peut être effectuée par un partenaire unique ou bien à plusieurs. Le choix d’un asset manager unique présente l’avantage d’une approche globale et cohérente de la construction du portefeuille et de l’optimisation tactique en amont ainsi que du reporting en aval sur les plans comptables, financiers et réglementaires (la vision sur l’ensemble du portefeuille facilite l’élaboration des états réglementaires, tant du point de vue du délai que de la fiabilité des données).

In fine, l’institutionnel assume la responsabilité du contrôle de la délégation de gestion, conformément aux exigences du Pilier 2 « qualitatif » de Solvabilité 2. Il s’assure que l’obligation de moyens est respectée par l’asset manager, lui-même supervisé par l’AMF. Le partenariat entre l’institutionnel et l’asset manager, chacun dans son rôle, permet de répondre aux défis d’exigences réglementaires et de transparence croissantes, dans un environnement de marchés financiers toujours plus complexes, alors que le rendement comptable et la performance financière des placements demeurent des enjeux essentiels.

Nicolas Demont

Directeur Général d’EGAMO

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