Le FMI croit en l’Europe

Asset Management - Dans ses dernières prévisions du mois de juillet, le FMI demeure optimiste en ce qui concerne la croissance de l’économie mondiale qui devrait atteindre 3,5 % en 2017 et 3,6 % en 2018, soit le meilleur taux des 6 dernières années. Les taux de croissance mondiale prévus pour 2017–18 sont certes supérieurs à l’estimation de 3,2 % pour 2016, mais ils se situent en dessous des moyennes d’avant-crise, notamment pour la plupart des pays avancés.

Si l’organisation internationale n’a pas révisé ses prévisions par rapport au mois d’avril, elle a abaissé néanmoins la croissance des États-Unis et du Royaume-Uni. Par ailleurs, elle a revu à la hausse la croissance pour le Japon et surtout pour la zone euro. L’Europe bénéficie d’un contexte favorable avec une réduction des risques politiques. La reprise de l’investissement combinée avec une élévation du niveau de confiance offre l’espoir d’un affermissement de la croissance. Ainsi, le FMI note une légère accélération de la croissance en Allemagne, en Espagne, en France et même pour l’Italie qui était jusqu’à maintenant à la traîne.

Les prévisions de croissance pour les États-Unis ont été revues à la baisse de 2,3 % à 2,1 % en 2017, et de 2,5 % à 2,1 % en 2018. Pour 2017, ce repli s’explique en partie par la faiblesse des résultats du premier trimestre, mais la révision tient surtout à l’hypothèse que la politique budgétaire sera moins expansionniste que prévu, en particulier pour 2018, compte tenu des incertitudes liées à la nature et au calendrier des changements de politique budgétaire aux États-Unis. Les anticipations des marchés à l’égard d’une relance budgétaire se sont également atténuées.

Les pays émergents et en développement devraient connaître un rebond d’activité soutenu avec un taux de croissance qui progressera de 4,3 % en 2016 à 4,6 % en 2017, puis à 4,8 % en 2018. Les résultats sont meilleurs que ceux attendus au Brésil, en Chine et au Mexique. Le taux de croissance de la Chine devrait se maintenir à 6,7 % en 2017, comme en 2016, puis enregistrer un modeste tassement en 2018 pour se situer à 6,4 %. En Inde, la croissance devrait s’affermir davantage en 2017 et en 2018, dans le droit fil des prévisions d’avril 2017. L’activité a certes ralenti suite à l’initiative de démonétisation, mais le taux de croissance pour 2016 –– de 7,1 % –– a dépassé les prévisions en raison du niveau élevé des dépenses publiques et des révisions statistiques qui ont mis en évidence un dynamisme plus marqué au début de l’année.

Le FMI constate que l’inflation dans les pays avancés reste modérée et se situe en règle générale en dessous des objectifs fixés par les banques centrales. L’inflation est, en outre en repli au Brésil, en Inde et en Russie.

Au niveau des risques, le FMI juge qu’ils sont plutôt en baisse. Il pointe néanmoins la Chine avec sa forte croissance du crédit. L’augmentation des taux d’intérêt, aux ÉtatsUnis, pourrait provoquer un durcissement plus rapide que prévu des conditions financières mondiales. L’institution internationale souligne toujours les dangers des tentations protectionnistes tant au sein des pays avancés qu’au sein des pays émergents.

Le FMI est plus inquiet pour la croissance à long terme en raison du maintien d’excédents de capacité de production, des effets du vieillissement de la population et des faibles gains de productivité de ces dernières années. Il considère que la croissance potentielle s’effrite d’année en année.

Le FMI attire l’attention des dirigeants publics sur la nécessité de ne pas resserrer trop rapidement les politiques monétaires et de veiller à une distribution plus équitable des revenus. Cette dernière remarque concerne les États-Unis, le Royaume-Uni et un certain nombre des pays émergents. Il souhaite également une réduction des déséquilibres des excédents commerciaux. Il invite les pays exportateurs de matières premières et d’énergie à mieux se prémunir des variations de prix.

 

Les rendements obligataires à long terme dans les pays avancés, qui avaient enregistré un repli depuis mars, ont augmenté à la fin juin et au début juillet. Néanmoins, depuis, un retour au calme a été constaté. La Réserve fédérale a relevé les taux d’intérêt à court terme en juin, mais les marchés misent toujours sur une trajectoire de normalisation de la politique monétaire américaine très graduelle. Les écarts de rendement obligataire par rapport à l’Allemagne se sont plutôt resserrés en Espagne, en France et en Italie du fait d’une moindre incertitude électorale et du raffermissement des signes de reprise.

Les cours des actions dans les pays avancés demeurent solides, signe d’un optimisme persistant des marchés à l’égard des résultats des entreprises. Les marchés voient aussi de manière favorable les perspectives des pays émergents, ainsi qu’en témoignent le renforcement des marchés boursiers et un rétrécissement encore plus marqué des écarts de taux. Les exportateurs de pétrole font figure d’exception, vu le repli marqué des cours depuis mars.

À fin juin, le dollar s’était déprécié d’environ 3,5 % en termes effectifs réels par rapport à la fin mars, tandis que l’euro s’est renforcé dans une proportion comparable en raison d’un regain de confiance dans la reprise de la zone euro et d’une diminution des risques politiques. Ce processus s’est poursuivi au mois de juillet. Cette situation pénalise les exportations européennes mais marque également le début d’un rééquilibrage entre la zone euro et les États-Unis.

Le FMI comme l’OCDE est, en ce milieu d’année, optimistes en ce qui concerne l’évolution de l’économie mondiale. Aucune des grandes puissances économiques n’est en récession. Les pays émergents modifient leur modèle de développement sans provoquer de rupture de croissance. L’Europe qui demeure la première puissance commerciale mondiale surmonte les déboires accumulés depuis près d’une décennie. La question clef des prochains mois sera le pilotage de la banalisation de la politique monétaire afin d’éviter des tensions sur les marchés financiers et un arrêt brutal de la croissance.

 

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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