Fed : elle se voit loin d’atteindre son objectif, mais considère que beaucoup de choses sont possibles en 2021

Asset Management - La fin de l'année correspond à une période de bilan et de projections. Tandis que la deuxième vague de la Covid-19 frappe durement les Etats-Unis, la Réserve fédérale (Fed) met l'accent sur la relance budgétaire. Que retenir de cette politique accommodante de la banque centrale américaine ? Les explications de Christian Scherrmann, U.S. Economist chez DWS.

La Fed maintient le rythme. Comme nous nous y attendions, il n’y a eu ni ajustement du rythme d’achat des actifs ni extension de l’échéance. À court terme, l’accent reste clairement mis sur la relance budgétaire et la progression de la pandémie. En termes de prévisions, les achats d’actifs se poursuivront et les taux d’intérêt resteront bas jusqu’à ce que nous observions de « nouveaux progrès substantiels » dans la réalisation des objectifs de la Fed.

Conditions accommodantes

Toutefois, les conditions financières actuelles très accommodantes devraient impliquer que la Fed ne subisse pas non plus de fortes pressions pour augmenter de manière significative la taille de ses achats d’actifs ni pour en prolonger la maturité. Une grande leçon à tirer de 2020 est que la Fed n’intervient que lorsque les circonstances l’exigent, et non pas en fonction du calendrier des réunions.

Par conséquent, nous attendons de la Fed qu’elle s’en tienne à sa position flexible, en insistant probablement sur la nécessité d’un nouveau cycle de relance budgétaire, tout en soulignant une fois de plus les risques à court terme pour les perspectives économiques. Maintenir le cap tout en affirmant que tous les outils de soutien à l’économie restent sur la table pourrait être à nouveau le modus operandi de la Fed.

Quel changement de politique ?

Le résumé actualisé des projections économiques n’indique pas un changement de politique à moyen terme. Malgré un plus grand optimisme quant à la croissance et à l’emploi en 2020 et 2021, l’inflation devrait rester inférieure à l’objectif de 2,0 %. Ce n’est qu’en 2023 que l’inflation et le chômage devraient atteindre des niveaux qui reflètent très probablement ce que la Fed considère actuellement comme une relance totale. Le large éventail de prévisions de croissance pour 2021 parmi les participants est un élément notable de ces perspectives.

Au moins un participant s’attend à ce que 2021 ne soit pas du tout une année facile. Un taux de croissance de seulement 0,5 % pour 2021 implique des risques de baisse durable au premier trimestre de 2021. Dans l’ensemble, cependant, la plupart des participants estiment que les risques pesant sur la croissance du PIB sont globalement équilibrés, mais certains les considèrent toujours comme orientés à la baisse, ce qui constitue une amélioration significative par rapport aux prévisions de septembre.

2021, ce qu’il faut retenir

Lors de la conférence de presse, le président Powell a également réfléchi à l’importance des trois à six prochains mois. Il a souligné que les perspectives restent très incertaines et, tout en saluant l’émergence des vaccins, a minimisé leur impact probable à très court terme. Il estime que les vaccins devraient permettre à l’économie d’enregistrer de bonnes performances au cours du second semestre 2021.

Sur l’importante question des dispositifs d’urgence de la Fed, Jerome Powell a de nouveau évoqué l’utilisation du Fonds de stabilisation des changes du Trésor — probablement en clin d’œil à la nouvelle secrétaire au Trésor désignée et ancienne présidente de la Fed, Janet Yellen. Nous pensons que la Fed reste en mode réactif, attendant de voir comment les négociations se déroulent au Congrès tout en se tenant prête à réagir si les conditions financières se détériorent.

Une augmentation des actifs achetés ou une prolongation de l’échéance restent dans les cartes si la situation l’exige, comme l’a laissé entendre Jerome Powell lors de la conférence de presse. En ce début d’année 2021, les mois les plus rigoureux seront décisifs pour la reprise, et donc pour l’évolution de la politique monétaire.

Christian Scherrmann - DWS

Economiste US

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