Europe : vers un nouveau report du Brexit, les investisseurs tournés vers la saison des résultats avant la BCE

Asset Management - Tandis que le feuilleton du Brexit se poursuit en Europe, les investisseurs sur les marchés actions attendent les résultats des entreprises. Quelles perspectives macroéconomiques se dessinent ? Quel rôle pourrait jouer la BCE à travers sa politique de Quantitative Easing ? Vincent Boy, Analyste chez IG France, partage son analyse.

Le vote qui aurait pu valider le nouvel accord négocié par Boris Johnson n’a finalement pas eu lieu ce samedi 19 octobre. Les députés britanniques ont imposé la demande d’une extension du Brexit à l’Union Européenne (UE) par le premier ministre avant tout vote, comme le prévoit la loi adoptée en septembre dernier pour éviter un « no deal ».

Boris Johnson s’est ainsi plié à l’exercice en envoyant une lettre au 27 — mais sans signer cette dernière — et en l’accompagnant de deux autres lettres, signées cette fois-ci. Dans la première, le premier ministre indiquait son désaccord à tout report de la date du Brexit. La seconde — écrite par l’ambassadeur Britannique à l’UE — confirmait que la demande de report allait à l’encontre du souhait du gouvernement, et que ce dernier se contentait d’obéir à la loi.

Retour de l’espoir commercial

Donald Tusk précisait qu’il allait consulter les dirigeants de l’UE, bien que le couple franco-allemand semble déjà divisé sur la possibilité d’un nouveau report. Boris Johnson a annoncé aux parlementaires qu’il passerait une loi rapidement pour permettre au Royaume Uni de sortir effectivement le 31 octobre, avec ou sans accord. Au-delà du Brexit, les investisseurs gardent un œil sur la Chine et les USA. L’espoir commercial semble dominer depuis la reprise de la communication positive entre ces derniers sur la possible signature d’un accord (intermédiaire) de phase 1. Ce que le président américain refusait ouvertement il y a encore quelques semaines.

Les marchés sont également soutenus — à l’image du cuivre — par les annonces du Parti communiste chinois (PCC) en faveur d’une accélération des investissements dans les infrastructures ces prochaines années. Le PCC a d’ailleurs précisé avoir déjà validé des projets dont le montant global représente le double de ce qui a été validé un an plus tôt. L’assouplissement de la réglementation pour les investisseurs chinois qui achètent des actions directement à Hong Kong pourrait également soutenir les marchés en Asie.

Le poids des résultats d’entreprises

Cette semaine, les investisseurs devraient davantage se concentrer sur les résultats d’entreprises. Plus d’un tiers des valeurs du CAC présenteront leur copie, et une multitude de résultats du coté américain. Les analystes anticipent une baisse de 2,9 % des bénéfices des sociétés du S&P 500 au troisième trimestre. En fin de semaine, ce sera au tour de la Banque centrale européenne (BCE) de publier le taux directeur et de dépôts qui ne devraient pas être modifiés.

Le dernier discours de Mario Draghi à la tête de la BCE — avant la prise de fonction de Christine Lagarde prévue le 1er novembre — sera très attendu par les investisseurs. Les marchés attendent des précisions sur la mise en place du Quantitative Easing (QE) annoncé précédemment, qui avait déjà fait ressortir un conflit au sein de la BCE sur l’ampleur du dispositif à mettre en place pour tenter de booster l’inflation et d’inverser le ralentissement de la croissance en zone euro.

Quid du Quantitative Easing ?

Pour l’heure, le rachat d’actif devrait se faire au rythme de 20 Mds€ par mois à partir du 1er novembre, sans limite dans le temps. Il paraît important de rappeler que les rachats avaient atteint 80 Mds€ par mois jusqu’en 2017 avant d’être graduellement réduits. La fin de ce QE ne date que de janvier 2019. Par ailleurs la BCE conserve toujours un montant d’actifs de 2 600 Mds d’euros suite à ce dernier rachat massif.

Le désaccord qui était ressorti de cette annonce devrait à nouveau être mis en valeur suite à l’intervention de Mario Draghi. Cela pourrait donner lieu à des ajustements dans les mois à venir, avec l’arrivée de Christine Lagarde, en charge de présider le prochain conseil des gouverneurs et la prochaine décision de politique monétaire de la BCE le 12 novembre prochain.

Vincent Boy - IG France

Analyste

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