Etats-Unis : un indicateur incohérent avec une entrée en récession proche

Asset Management - La croissance ralentit aux Etats-Unis mais le spectre de la récession reste encore loin. A quels indicateurs se fier pour comprendre l'évolution de ce marché ? Quel sera l'impact de l'endettement des entreprises ? Julien-Pierre Nouen, Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée chez Lazard Frères Gestion, partage son analyse.

La publication de la deuxième estimation du PIB voit les données sur l’activité économique complétée par des données sur les profits des entreprises et sur leur compte de résultat. Ces données macroéconomiques sont moins dépendantes de pratiques comptables et permettent des comparaisons dans le temps long.

Les indicateurs à surveiller

Elles permettent de surveiller la santé financière des entreprises et fournissent des indications intéressantes d’un point de vue cyclique. Nous observons par exemple un repli des profits avant impôts corrigés de l’inflation qui commencent environ 18 mois en amont des récessions. Ceux-ci ne baissent que depuis 6 mois.

Un autre indicateur que nous surveillons est la charge financière nette des entreprises rapportée à leur excédent net d’exploitation. En amont des récessions, nous observons toujours une forte augmentation de celle-ci. A ce jour, elle se maintient à un niveau raisonnable.

Etats-Unis : un indicateur incohérent avec une entrée en récession proche

Endettement des entreprises

La hausse de l’endettement des entreprises américaines est souvent évoquée comme un facteur de risque pour les entreprises, mais celle-ci s’est produite dans un contexte de taux bas qui n’a pas dégradé outre mesure la situation financière moyenne des entreprises.

Bien sûr, cela ne préjuge pas de l’existence de situations tendues dans certains secteurs. Mais même en considérant les émetteurs de dette à haut rendement, ceux-ci affichent le ratio de couverture (EBITDA/intérêts) le plus faible depuis 2007.

Si l’incertitude liée à la guerre commerciale peut donc peser un peu sur l’investissement des entreprises, une forte baisse de celui-ci pour permettre aux entreprises d’assainir leurs bilans ne semble donc pas à l’ordre du jour.

Julien-Pierre Nouen - Lazard Frères Gestion

Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée

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