Etats-Unis : plafond de la dette, l’heure tourne

Asset Management - Sur fond de lutte contre l'inflation, les négociations se poursuivent au sujet du plafond de la dette américaine. Comment cet élément influence-t-il les marchés financiers ? L'éclairage de César Perez Ruiz, Responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management.

Le recul de l’inflation observé aux Etats-Unis la semaine dernière contraste avec la persistance de pressions sous-jacentes sur les prix, une dynamique suggérant une pause de la Fed, mais sans baisse des taux cette année. Malgré la hausse modeste des prix à la production et des coûts des services essentiels (+0,1 % sur le mois), les anticipations d’inflation à long terme ont atteint leur niveau le plus élevé en 12 ans.

Dans ce contexte, certains responsables de la Fed envisagent une action plus ferme. Cela étant dit, le durcissement monétaire semble porter ses fruits : l’indice de confiance des consommateurs de l’université du Michigan pour le mois de mai, inférieur aux attentes, a atteint son niveau le plus bas depuis novembre dernier.

L’urgence de la dette

Du côté des entreprises, Disney et Airbnb ont publié des résultats décevants la semaine dernière, ce qui pourrait signaler un ralentissement au sein du secteur des voyages. Nous surveillerons de près les ventes de détail aux Etats-Unis cette semaine. Les négociations concernant le plafond de la dette américaine laissent entrevoir la disparition d’une source d’incertitude pour les marchés, mais la prudence est de mise compte tenu des divisions entre la Maison-Blanche et les Républicains.

Il s’agit d’une question urgente : le département du Trésor américain a indiqué vendredi disposer de seulement 88 milliards de dollars pour régler les factures du gouvernement au 10 mai — un chiffre à comparer aux 110 milliards disponibles une semaine plus tôt. Nous sous-pondérons les actions américaines. D’importantes émissions d’obligations investment grade sont au programme cette semaine. Sur ce segment, nous ciblons les titres de duration courte.

Lutter contre l’inflation

En Europe, le relèvement des taux de la Banque d’Angleterre (BoE) — de 4,25 % à 4,5 % — a rappelé que la lutte contre l’inflation n’était pas terminée. Mais plusieurs signes de résilience de l’économie britannique nous incitent à relever à +0,1 % (contre -1,0 %) nos anticipations de croissance du PIB pour 2023. 

En Turquie, les candidats à la présidence — Recep Tayyip Erdogan et son rival Kemal Kılıçdaroğlu — sont au coude-à-coude, et l’éventualité d’un second tour renforce l’incertitude à court terme. Par ailleurs, le G7 a annoncé un engagement de 15,6 milliards de dollars sur quatre ans en faveur de l’Ukraine, ainsi qu’un nouveau partenariat commercial visant à contrer l’influence chinoise.

Sur les routes de la soie…

En Chine, l’IPC global a poursuivi sa décrue en avril (0,1% en glissement annuel, contre 0,7 % en mars), tandis que l’IPP ralentissait également (-3,6%). Les récents chiffres de l’inflation soulignent la faiblesse de la demande intérieure, alors que la reprise reste inégale et plutôt modérée. En outre, la Chine sera confrontée à des défis structurels si la tendance à la « délocalisation dans des pays amis », visible au premier trimestre, se maintient.

Autre signe de lutte politique pour le pouvoir économique, l’Italie envisage de revoir son adhésion à l’initiative des « nouvelles routes de la soie » lancée par Pékin — qui lui avait valu les foudres de Washington et de Bruxelles en 2019 — et l’Europe propose des accords commerciaux aux pays engagés dans ce projet.

César Pérez Ruiz - Pictet Wealth Management

Directeur des investissements & CIO

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