Etats-Unis : la Fed s’en tient à son script

Asset Management - Aux Etats-Unis, la poussée d'inflation sur les marchés n'inquiète pas la Réserve fédérale (Fed). Quelles perspectives à court et moyen terme pour la croissance économique ?

Les grandes banques américaines ont publié leurs résultats du deuxième trimestre la semaine dernière. Les chiffres, particulièrement bons, sont le résultat d’une forte croissance des revenus des activités de banque d’investissement et d’une réduction des provisions pour pertes de crédit.

Néanmoins, les banques sont également confrontées à une hausse des coûts salariaux et si le boom du marché de l’immobilier a dopé leurs activités de prêts hypothécaires, le recul des taux à long terme a pesé sur les produits d’intérêt. Dans l’ensemble toutefois, les banques estiment que les affaires se portent bien dans un contexte marqué par un très fort rebond économique.

USA, retour de la consommation

La reprise des distributions de dividendes et des rachats d’actions, la perspective que la remontée des taux obligataires redémarre et la possibilité que les ménages américains redécouvrent le crédit nous poussent à l’optimisme vis-à-vis des valeurs bancaires américaines (et européennes), actuellement sous-valorisées, et ce malgré les incertitudes qui subsistent.

La hausse de 5,14 % de l’indice des prix à la consommation aux États-Unis en rythme annuel en juin donne matière à réflexion, quand bien même cela n’a pas semblé inquiéter les participants du marché obligataire outre mesure. Ces derniers ont sûrement été rassurés par les propos du président de la Fed, Jerome Powell, qui a une fois de plus répété que la Fed était prête à intervenir si la poussée d’inflation se révélait plus que temporaire.

L’inflation et la dette américaine

Après des années marquées par une inflation inférieure à l’objectif et par une faible croissance économique, le regain temporaire des prix observé dans le sillage d’une forte reprise économique n’est pas nécessairement quelque chose de très inquiétant — pas encore du moins. La poussée d’inflation concourt à éroder la dette existante et à stimuler la demande.

Les ventes de détail américaines ont bondi de 18 % en rythme annuel en juin. Cela étant, nous surveillerons attentivement la croissance des salaires, qui pourrait éventuellement être plus que passagère. Les salaires ont progressé de 3,2 % en rythme annuel en juin aux États-Unis et la croissance pourrait atteindre 4 %. Une telle progression resterait gérable, mais une hausse des salaires de 5 % le serait beaucoup moins.

Chine, inflexion de la reprise

Sans surprise, l’économie chinoise n’a pas réussi à rééditer au deuxième trimestre son exploit du premier trimestre, quand le PIB avait progressé de 18 % en rythme annuel. Avec la consommation intérieure restant à la traîne, les chiffres du deuxième trimestre (+7,9 % en rythme annuel) se sont révélés légèrement inférieurs aux prévisions du consensus. Pour autant, tout n’est pas noir en Chine.

L’inflexion de la reprise alimente les rumeurs de mesures de relance ciblées dans les prochains mois. Conjugué à la réduction du ratio des réserves obligataires par la banque centrale, cela pourrait doper la demande intérieure. Nous avons abaissé nos prévisions de croissance du PIB pour la Chine de 9,2 % à 9 % cette année. Cela reste toutefois un chiffre très solide. Avec les Jeux olympiques qui démarrent à Tokyo, l’Asie pourrait bien donner des raisons de se réjouir.

Christophe Donay - Pictet Wealth Management

Responsable de l'allocation d'actifs et de la recherche macroéconomique

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