Etats-Unis : Accord au congrès, Trump se félicite de la hausse des marchés, inquiétudes à New-York

Asset Management - L'épidémie de coronavirus se répand à toute vitesse aux Etats-Unis. Pendant que le pays pense mesures de soutien économique, Donald Trump communique déjà sur le retour de l'activité. Mais dans ce contexte, quels sont les risques de retour de l'inflation ? L'Oncle Sam court-il vers la récession en 2020 ? Les explications de Vincent Boy, Analyste chez IG France.

L’accord sur les mesures de soutien n’est pas encore signé au congrès, l’épidémie continue de se développer avec notamment de fortes inquiétudes sur la capacité de la ville de New-York à prendre en charge les milliers de nouveaux cas journaliers, mais le Dow Jones a enregistré sa plus forte hausse depuis 1933 hier et le président s’en félicitait.

Communication positive

Donald Trump précisait même qu’une partie de la hausse devait être attribuée à sa décision — communication positive — portant sur un retour de l’activité rapide au sein de la première économie mondiale. Le président annonçait en début de semaine que les Américains pourraient retourner travailler dès la semaine prochaine, mais ses dernières annonces montraient plutôt un espoir de voir un retour de l’activité se faire avant Pâques — le 12 avril prochain — soit dans 3 semaines.

Cette communication positive — dont il a usé pendant deux ans lors des « négociations » sur l’accord commercial avec la Chine — continue de faire son effet mais montre encore une fois la priorité du chef de l’Etat de maintenir les marchés financiers à flot, plutôt que de ralentir l’épidémie. Et encore une fois nous répétons que la reprise de l’activité et le retour à la croissance ne pourra se faire sans un recul net de la pandémie de COVID-19, qui a fait plus de 700 victimes aux Etats-Unis selon le dernier rapport.

Au vu de la vitesse de croissance du nombre de nouveaux cas, les Etats-Unis devraient dépasser l’Italie avant le weekend. Ils deviendraient ainsi le nouvel épicentre de la pandémie de coronavirus.

Retour de l’inflation

Pour revenir sur les mesures au congrès, qui devraient être votées dans la journée et mises en place rapidement, après avoir trouvé un accord dans la nuit selon Eric Ueland, il s’agirait de mesures à 2 000 milliards de dollars, qui représente presque 10 % du PIB et environ 8,7 % de la dette des Etats-Unis. Le budget fédéral 2020 présentait déjà un déficit qui aurai atteint 1 100 milliards de dollars cette année.

Avec une hausse des dépenses de 2 000 milliards et une forte chute des recettes de l’Etat, le déficit total pourrait exploser tous les records cette année. A titre de comparaison, durant la crise de 2008 les mesures de soutien de Bush et Obama se sont élevées à environ 1 000 milliards de dollars. A cette aide s’ajoute les achats illimités d’obligations et de dettes d’entreprises annoncés par la Fed un peu plus tôt. Ces mesures devraient à long terme faire revivre une notion oubliée depuis longtemps : l’inflation, voire l’hyper inflation.

Risques de récession

A plus court terme, les marchés pourraient continuer de se maintenir grâce à ces mesures de soutien de la Fed et de l’administration américaine. Mais étant donné le déni du président américain face à la crise sanitaire, nous ne voyons pas de rebond durable.

Ainsi les indices US ne devraient-ils pas tenir le coup bien longtemps. Le risque est donc de voir une rechute importante, ce qui laisserait l’administration US et la réserve fédérale sans aucune autre marge de manœuvre pour tenter d’endiguer la baisse et conserver le maigre espoir des investisseurs face à la crise et aux risques de récession.

Vincent Boy - IG France

Analyste

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