Croissance chinoise : augmentation des risques

Asset Management - La Chine poursuit sa politique stricte « zéro Covid », ce qui pose la question du ralentissement à venir de la croissance. Comment le gouvernement chinois peut-il limiter l'impact du prolongement de la crise sanitaire ? Julien Pierre Nouen, Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée chez Lazard Frères Gestion, partage son analyse.

Les enquêtes PMI (Purchasing Managers Index) indiquent une nette dégradation de la conjoncture chinoise au mois de mars. Si nous faisons la moyenne des indices calculés par Caixin et par le Bureau national des statistiques de Chine (BNS), le PMI des services a chuté de 50,4 à 44,4. Le PMI manufacturier baisse moins, passant de 50,3 à 48,8.

Le renforcement des restrictions sanitaires semble donc avoir un impact notable sur l’activité. Le ralentissement économique est toutefois beaucoup moins fort qu’au printemps 2020 et concerne surtout le secteur des services. L’industrie montre également des signes de faiblesse, mais l’impact des restrictions a pu être atténué par la mise en place de « bulles sanitaires », qui limitent les fermetures d’usines et permettent le maintien d’une activité minimale.

Croissance chinoise : augmentation des risques
Source : Moody’s, données arrêtées au 31 mars 2022.

La politique du « zéro Covid »

Le gouvernement chinois ne semble pas vouloir dévier de sa politique « zéro Covid » malgré la grande contagiosité du variant Omicron, posant la question d’un fort ralentissement de la croissance dans les prochains mois. Les données fréquemment actualisées (mobilité, transport, transactions immobilières, etc.) montrent que l’activité reste très perturbée en ce début de deuxième trimestre, dans un contexte où un nombre croissant de villes sont soumises à des restrictions.

Au 11 avril, 45 villes auraient mis en place un confinement total ou partiel, affectant près de 373 millions de personnes, soit un quart de la population. Ces villes représenteraient plus de 40 % du PIB chinois (données Nomura). Cet environnement constitue une menace importante pour l’objectif de croissance du gouvernement qui a été fixé à « environ 5,5 % ». De nouvelles mesures de soutien à l’activité devraient donc être annoncées prochainement, comme le suggèrent les récentes déclarations des autorités.  

Julien-Pierre Nouen - Lazard Frères Gestion

Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée

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