Crise sanitaire : l’économie US redémarre, la BoJ augmente son soutien

Asset Management - Quelques Etats de la première économie mondiale se préparent à rouvrir leur économie dès cette semaine, après avoir débuté le déconfinement et la réouverture de certains commerces ce vendredi 24 avril pour certains. Quelles sont les perpectives qui s'ouvrent pour les investisseurs ? Les explications de Vincent Boy, Analyste chez IG France.

Le redémarrage de l’activité commence par la réouverture de salons de beauté et autres petits commerces, avant celle des restaurants et cinémas. En revanche cela devrait fortement augmenter le risque de voir une seconde vague aux Etats-Unis. Les experts médicaux préconisent une augmentation importante des tests, avant la possible réouverture dans de bonnes conditions.

Ralentissement américain

Cette décision — malgré l’avis médical — fait suite aux manifestations dans le pays pour la reprise du travail, alors que l’économie américaine a détruit près de 26,5 millions d’emplois durant les dernières semaines. Par ailleurs le PIB pourrait se contracter de 40 % au second trimestre et le chômage atteindre 16 %.

Concernant l’économie US, le Congressional Budget Office (CBO) estime que le déficit annuel pourrait être multiplié par près de quatre en 2020 à 3700 Mds$, soit environ 17 % du PIB annuel américain. La dette devrait atteindre 101 % du PIB cette année et 108 % en 2021. De plus, le taux de chômage pourrait culminer à 16 % au troisième trimestre et se maintenir au-delà des 10 % au cours de l’année suivante.

Morosité des marchés actions

Le PIB est attendu en baisse de 5,6 % en 2020 avant un rebond de 2,8 % prévu en 2021, selon la même source. La perspective d’un rebond important en 2021 semble de moins en moins pertinente, alors que les anticipations du CBO sont loin de celles publiées par le FMI au mois d’avril. Le Fonds Monétaire International (FMI) attend effectivement une hausse de 4,7% du PIB US l’année prochaine.

Ces estimations font craindre d’une crise qui pourrait durer dans le temps, malgré les aides votées par l’administration américaine pour tenter de sauver l’économie de la pire récession depuis la grande dépression de 1929. Ainsi la perspective d’une économie au ralenti pendant un certain temps devrait-elle conduire les investisseurs à remettre en question la forte progression des marchés actions, qui étaient plutôt soutenue par l’anticipation d’un boom économique à partir du troisième trimestre.

Banques centrales à la barre

En Asie, les marchés ont clôturé en hausse suite à la déclaration de la Banque du Japon (BoJ) sur les achats sans limite d’obligations d’Etat et l’annonce de rachat de produits plus ciblés, comme les dettes commerciales et d’entreprises, dans le but de soutenir l’économie.

Côté statistiques et résultats d’entreprises, la semaine sera chargée avec la publication du PIB en zone Euro et aux Etats-Unis pour le premier trimestre, les déclarations de politiques monétaires de la Réserve fédérale américaine (Fed) ce mercredi 29 avril et de la Banque centrale européenne (BCE) ce jeudi 30 avril, ou encore la publication d’un nombre important de résultats de sociétés pour le premier trimestre de l’année.

Pétrole, toujours des soubresauts

Sur le marché du pétrole, la tendance pourrait rester baissière cette semaine avec la poursuite de la hausse des stocks aux Etats-Unis, proche de leur plus haut historique et la persistance de la faiblesse de la demande. Le nombre de plateformes de forage exploitées est par ailleurs tombé au plus depuis février 2015 aux Etats-Unis.

Le prix du baril ne permet plus à de nombreux indépendants de fonctionner de manière bénéficiaire. Les annonces de faillites dans le secteur devraient ainsi continuer de se multiplier, tandis que les géants pétroliers Exxon Mobil, BP PLC et Royal Dutch Shell publieront leurs résultats trimestriels cette semaine.

Silence à la Maison Blanche ?

Enfin, Donald Trump a décidé de ne plus réaliser ses conférences de presse journalières parce que les médias y seraient hostiles, selon lui. Cette annonce fait surtout suite aux nombreuses critiques envers le président américain, comme lorsque celui-ci préconisait d’injecter du désinfectant dans le corps pour combattre le virus.

Vincent Boy - IG France

Analyste

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