Covid-19 : le nombre de cas inquiète aux Etats-Unis, le FMI confirme la mauvaise santé de l’économie mondiale

Asset Management - La crise sanitaire continue de peser sur l'économie mondiale. Les marchés financiers s'inquiètent notamment de la hausse du nombre de cas de coronavirus aux Etats-Unis, et de la perspective d'une reprise en V qui s'éloigne de plus en plus. Dans ce contexte de volatilité boursière, quels indicateurs faut-il surveiller ? Les explications de Vincent Boy, analyste marchés chez IG France.

Les chiffres liés au coronavirus publiés ce mercredi 24 juin ont inquiété les marchés, couplés aux prévisions du FMI, les indices ont fini en forte baisse. En revanche, les investisseurs soutenant un retour en V ne semblent pas avoir abandonné pour autant. Les statistiques US pourraient conduire à un rebond sur les marchés.

Reprise en V peu probable

La hausse record du nombre de cas dans de nombreux Etats aux USA depuis le début de semaine, commence à inquiéter les investisseurs et notamment ceux qui pensent encore que l’économie va rebondir dès le troisième trimestre. L’injection massive de liquidité de la Fed — et les soutiens historiques de l’administration américaine — laissent croire que l’économie reste solide, mais nous constatons toujours un nombre de faillites important et des vagues de licenciements sans précédent.

Ces perspectives d’un retour en V de l’économie ont également été mis à mal par le FMI, qui a fortement réduit ses perspectives de croissance pour l’année 2020 et légèrement pour 2021. Ainsi, l’économie globale devrait-elle se contracter de 4,9 % en 2020, contre -3 % prévu en avril. La baisse du PIB aux Etats-Unis devrait atteindre 8 %, contre -5,9 % initialement prévu. Du côté de l’Union Européenne (UE), les nouvelles perspectives sont également décevantes, avec une baisse de 10,2 % attendue (contre -7,5 % auparavant).

La méthode Trump

Pour revenir sur le coronavirus, l’Australie — qui a recensé son premier décès hier depuis un mois — vient de constater la hausse la plus importante du nombre de cas depuis deux mois, selon le dernier rapport. Aux Etats-Unis, les gouverneurs de New York, du New Jersey et du Connecticut ont annoncé des restrictions d’entrées pour les personnes venant de certains Etats, où le nombre de cas lié au coronavirus progresse très fortement.

En revanche, le président semble avoir sa propre solution— radicale — pour ralentir la croissance du nombre de cas : arrêter tout simplement de tester la population. Donald Trump l’avait déjà suggéré à plusieurs reprises, notamment au travers de tweets tels que « Cases are going up in the U.S. because we are testing far more than any other country, and ever expanding. With smaller testing we would show fewer cases! ».

Relations Europe/USA

Ce mercredi 24 juin, Donald Trump aurait demandé un arrêt des subventions fédérales pour les centres de tests dans le pays à la fin du mois. Il faut donc s’attendre à une baisse du nombre de cas à partir du 1er juillet mais à une hausse des risques de propagation de la maladie aux Etats-Unis. Cela pourrait conduire l’Europe à valider les restrictions de voyages des personnes venant de la première puissance mondiale.

Les relations entre l’Union Européenne et les Etats-Unis semblent également se détériorer, à en croire les menaces de l’administration américaine de mettre des droits de douane sur les produits importés de la zone euro. En revanche, cela ressemble davantage à un moyen de détourner l’attention des investisseurs des vrais problèmes, cités plus haut.

Indicateurs à surveiller

Dans la journée de ce jeudi 25 juin enfin, les investisseurs seront attentifs aux publications aux Etats-Unis, avec les commandes de biens durables, qui nous donnerons un aperçu de la puissance du rebond sur le mois mai, mais ne permettront pas d’évaluer un retour à la croissance durable.

Le comparatif publié cet après-midi étant sur le mois d’avril, les données devraient ressortir en forte hausse du fait du confinement. Ainsi, nous ne pourrons évaluer le retour à la croissance qu’à partir du mois prochain, afin de prendre des statistiques comparées à une situation hors confinement. Le PIB définitif pour le premier trimestre sera aussi surveillé, ainsi que les inscriptions hebdomadaires au chômage de la semaine.

Surplus de liquidités

Le pétrole a également décroché hier, échouant une nouvelle fois sous le seuil important des 40$ le baril (sur le WTI), après les perspectives du FMI et la hausse des stocks constatée aux Etats-Unis.

Malgré tous ces risques, les marchés restent surgonflés à la liquidité et il est possible qu’après une baisse importante comme celle constatée hier, que les optimistes se remettent à acheter les indices. L’administration américaine pourrait annoncer un nouveau soutien monétaire ou budgétaire à venir ou tenter une nouvelle fois de faire diversion, si le marché venait à corriger de façon trop brutale.

Vincent Boy - IG France

Analyste

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