Covid-19 : le FMI prévient de la pire récession depuis la Grande Dépression

Asset Management - La crise sanitaire a mis l'économie internationale au ralenti. Pendant que le Fonds Monétaire International (FMI) anticipe une récession mondiale en 2020, Donald Trump voit les marchés financiers bientôt à leur plus haut historique. Quelles sont les perspectives réelles pour les investisseurs ? Les explications de Vincent Boy, Analyste chez IG France.

Le Fonds Monétaire International (FMI) a dévoilé hier ses prévisions de croissance mondiale et anticipe une baisse de 3 % du PIB mondial en 2020 avant une hausse de 5,8 % en 2021. Les précédentes anticipations, publiées en janvier, faisaient ressortir une croissance de 3,3 % pour 2020 et 3,4 % pour 2021. Le FMI voit ainsi la plus grande récession depuis la grande dépression de 1929, à la différence que celle-ci ne devrait s’étaler que sur quelques trimestres avant une reprise en 2021.

Récession et pandémie

Cette perspective d’une récession et de crainte sur l’économie mondiale en 2020 semble être validée par les deux banques américaines qui ont publié leurs résultats ce mardi 14 avril, à savoir J.P. Morgan et Wells Fargo. Ces dernières ont publié des résultats décevants mais plus important, toutes deux ont provisionné un montant de 12,8 Mds$ au total au cours du premier trimestre pour assurer les défauts de paiement à venir de ses clients.

Sur le plan de la pandémie, New York et les Etats-Unis ont enregistré un nombre de décès au plus haut depuis le début de la crise sanitaire. Le directeur de l’OMS a prévenu que le pic n’était certainement pas encore atteint, alors que 90 % des cas viennent des Etats-Unis et d’Europe. Par ailleurs, la Russie, la Turquie ou encore l’Inde voient le nombre de cas augmenter de façon inquiétante.

La méthode Donald Trump

Donald Trump a par ailleurs fait savoir qu’il gelait la contribution des Etats-Unis à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Les USA — premier contributeur — comptent pour 15 % du budget de l’OMS, ont montré leur désaccord avec cette dernière dans la gestion de la crise. Donald Trump accuse l’OMS de ne pas avoir su gérer la crise sanitaire et que de nombreux décès aurait pu être évité si celle-ci avait fait son travail correctement.

Le président américain semble vouloir trouver un responsable dans sa gestion de la crise tardive, mais cette décision — alors que le monde subit la pire crise sanitaire en 100 ans — est loin d’être la bonne solution pour sortir rapidement de cette épidémie et redonner confiance à la population.

De plus, Donald Trump défend une réouverture du pays et un retour à l’activité dès le 1er mai, voir avant pour les Etats les moins touchés. Cette perspective va à l’encontre de toutes les recommandations des professionnels de santé mais également des gouverneurs américains et met en évidence le désordre qui règne au sein de la première puissance mondiale dans la gestion de cette crise sans précédent.

Saison des résultats

La saison des résultats se poursuivra dans la journée avec Bank Of America, Citigroup et Goldman Sachs dans le secteur bancaire américain. Nous suivrons également la publication de l’activité des aéroports de Paris avec ADP et de Francfort avec Fraport AG Frankfurt.

Coté statistiques, la publication des ventes au détail aux Etats-Unis ce mercredi 15 avril dans l’après-midi devrait faire ressortir la plus forte contraction historique — selon les données Reuters depuis 1990. La consommation des Américains représente environ 70 % du PIB US et un fort recul de ce type de données devrait contribuer à soutenir la perspective d’une forte récession en 2020.

Pour conclure, malgré la saison des résultats sous pression, les perspectives du FMI, la poursuite de l’épidémie et une économie mondiale à l’arrêt, les investisseurs continuent de se porter à l’achat sur les actifs risqués. La perspective d’une réouverture de l’économie dans les semaines à venir et le boom économique soutenu par le président américain contribuent à une confiance un peu trop importante des marchés.

Le paradoxe des marchés

Les indices américains ont retracé une bonne partie de leur baisse de mars et le Nasdaq 100 évolue à seulement 10,5 % de baisse par rapport à son plus haut historique, atteint en début d’année. Autrement dit, les valorisations sont environ 10 % inférieures à celles constatées lorsque que l’économie se portait au mieux et alors que les anticipations de croissance étaient importantes au niveau mondial.

Aujourd’hui nous sommes à la veille d’une récession et la valorisation des marchés financiers pourrait retrouver des niveaux en adéquation avec le risque associé dans les jours à venir.

Vincent Boy - IG France

Analyste

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