Chine : l’activité repart à la baisse en avril

Asset Management - Les statistiques économiques du mois d'avril 2019 trahissent un ralentissement de l'activité en Chine. Cette dégradation aurait été amplifiée par certains éléments conjoncturels. Quelles perspectives se dessinent pour les investisseurs ? Julien-Pierre Nouen, Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée chez Lazard Frères Gestion, partage son analyse.

Les statistiques économiques sur l’activité en Chine au mois d’avril — publiées le 15 mai — n’ont pas confirmé l’amélioration constatée en mars. Un ralentissement était attendu, compte tenu de chiffres très forts le mois précédent, mais celui-ci a été plus important que prévu.

Tous les indicateurs se sont modérés. La production industrielle est passée d’un rythme de croissance annuel de +8,5 % à +5,4 % sur un an, les ventes au détail de +8,7 % à +7,2 %, malgré un ralentissement de la contraction des ventes de voitures, et les dépenses d’investissement de +6,5 % à +5,7 %.

Chine : l'activité repart à la baisse en avril

Cette dégradation des données d’activité en avril coïncide avec un repli des enquêtes PMI sur le mois ainsi qu’avec un ralentissement des exportations et du crédit. Pour rappel, les indices PMI sont des indicateurs de confiance qui synthétisent les résultats des enquêtes menées auprès des directeurs d’achats des entreprises. Une valeur supérieure à 50 indique un sentiment positif dans le secteur concerné (manufacturier ou service).

Effets calendaires et changement de fiscalité

La dégradation généralisée des statistiques chinoises en avril pointe un ralentissement de l’activité au début du deuxième trimestre. Toutefois, celui-ci semble avoir été amplifié par des effets calendaires et un changement de fiscalité.

Les premiers auraient beaucoup pesé sur les ventes au détail. L’office des statistiques chinois attribue la faiblesse à deux jours de congés en moins par rapport à l’année dernière. L’organisme estime que les ventes au détail sont stables une fois cet effet corrigé.

Le second a pu peser sur la production industrielle. La forte accélération de mars serait liée à l’entrée en vigueur de la baisse de la TVA au 1er avril. Cette mesure aurait incité les producteurs à reconstituer leur stock, dans le but de bénéficier de déductions de TVA plus importantes. Ils auraient ensuite freiné leur production en avril.

Une mauvaise nouvelle à l’heure de la guerre commerciale

Le ralentissement de l’activité est donc probablement moins prononcé qu’à première vue. Néanmoins, en pleine négociations commerciales avec les Etats-Unis, il complique la donne pour la Chine… alors que les nouveaux relèvements de droits de douanes n’ont pas encore produit leurs effets.

Ce contexte moins favorable éloigne la perspective d’une réduction des mesures de soutien pour limiter l’accroissement de la dette, une question que l’amélioration de la conjoncture en mars avait soulevée.

Julien-Pierre Nouen - Lazard Frères Gestion

Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée

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