Brexit : les investisseurs savent lequel ils préfèrent

Asset Management - Les cours des actions britanniques montrent bien une chose : jusqu'à présent, les investisseurs semblent apprécier chaque revirement de situation pouvant diminuer la probabilité d'un Brexit chaotique. Pouvons-nous parler d'une réelle résilience de l'économie britannique ? Qu'en est-il du risque de hard Brexit ? Johannes Müller, Responsable de la recherche macroéconomique chez DWS, partage son analyse.

Cette semaine, la saga Brexit a connu deux autres rebondissements. La Chambre des communes a accepté d’examiner de plus près la loi régissant le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE). Theresa May n’était jamais allée aussi loin, et Boris Johnson a remporté une rare victoire parlementaire. Sa joie a cependant duré peu de temps, car les parlementaires ont alors décidé de se donner plus de temps pour étudier les centaines de pages de jargon juridique. La suite — quelle surprise ! — est incertaine.

Résilience de l’économie britannique ?

Il n’est pas étonnant que beaucoup de monde — y compris les investisseurs — en aient assez de ce spectacle. Ils doivent pourtant continuer à se positionner sur les marchés. C’est pourquoi il est plutôt facile de suivre leur propre interprétation du Brexit, comme le montre le graphique ci-dessous. Les Brexiteurs voient dans le FTSE 100 un signe de la résilience de l’économie britannique. Elle est en effet plus élevée aujourd’hui qu’elle ne l’était avant la décision Brexit en juin 2016.

Cependant, cette résilience est en grande partie due à la corrélation de deux facteurs : d’une part l’exportation élevée des membres de l’indice — 76% des ventes — et d’autre part, de la faiblesse de la livre sterling. Chaque livre sterling dépréciée augmente le chiffre d’affaires réalisé à l’étranger lorsqu’elle est convertie en livres sterling, ce qui se reflète dans le cours plus élevé de l’action. Exprimé en euros, le FTSE 100 se négocie aujourd’hui à peu près au même niveau qu’avant le Brexit.

Ecart avec les marchés européens

Pas si mal après plus de trois ans d’incertitude, pourrait-on penser. Mais le graphique montre également que les autres marchés européens se sont nettement mieux comportés au cours de la même période. La différence est encore plus grande si l’on compare des indices composés d’entreprises axées sur le marché intérieur (indices « locaux » ). Après tout, au Royaume-Uni, elles sont considérées comme les principales victimes de Brexit.

Par conséquent, la forte performance de l’indice local britannique par rapport au FTSE 100 depuis la mi-août, peu après l’entrée en fonction de Johnson et plus encore depuis le 10 octobre — date à laquelle Johnson et le Premier ministre irlandais ont conclu un accord — indique principalement une chose : les investisseurs semblent apprécier chaque revirement de situation pouvant diminuer la probabilité d’un Brexit chaotique.

Quid d’un hard Brexit ?

Nous ne l’excluons pas encore complètement, mais nous pensons que la probabilité d’un Brexit chaotique, sans accord, a certainement encore diminué. Nous pensons que la course de l’indice local britannique pour rattraper les autres indices pourrait donc bien se poursuivre, du moins pour l’instant.  

Johannes Müller - DWS

Responsable de la Recherche Macro

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