Billet du Docteur Leber – avril 2020 : coronavirus, la crise qui a tout changé

Asset Management - La pandémie de coronavirus a profondément bouleversé l'économie et la vie sociale des pays confinés. Que restera-il en fin de compte après la crise ? Voici le billet mensuel du docteur Leber, fondateur d’Acatis, société de gestion indépendante allemande.

Nous finirons par maîtriser la pandémie actuelle de coronavirus, au plus tard lorsqu’un vaccin existera. La profondeur de la crise dépend de manière cruciale de la manière dont la phase de transition entre les actuelles restrictions de contacts et le retour à la vie normale sera gérée.

En attendant le vaccin…

Cela ne fonctionnera pas sans un certain nombre d’outils tels que des tests de masse, des applications de contrôle ou le port de bracelets de couleur. Comme la mortalité par le coronavirus n’augmente fortement qu’à partir de 50 ans, nous pourrions envisager un retour au travail en fonction de l’âge. Il importe d’isoler tous les cas infectés et suspects, et surtout de protéger la population âgée.

Dès que nous disposerons d’un vaccin — la question est quand, et non pas si — notre sécurité sanitaire sera au niveau 100 %. Cela peut être en janvier 2021, mais éventuellement dès le mois de septembre prochain. Les nouveaux vaccins à base d’ARNm peuvent être rapidement développés et produits à grande échelle. Si les procédures d’homologation sont raccourcies, un vaccin, produit par exemple par Janssen, Moderna, Curevac ou BioNTech, serait bientôt disponible par milliards.

Peut-être que d’ici le milieu de l’année, nous serons en mesure de maîtriser le traitement des formes graves de l’infection. Actuellement, environ 381 essais de terrain sont en cours dans le monde entier. Peut-être saurons-nous, dans quelques semaines seulement, contrôler le risque de contamination grâce à de bons tests et en isolant les personnes infectées.

Les impacts du confinement

Entre la situation d’aujourd’hui et le retour à la normale, il faut s’attendre à une forte expansion de la contamination aux États-Unis et au Royaume-Uni ainsi qu’à l’émergence d’un choc similaire à la crise Lehman de 2008. Et qui sera à l’épicentre de ce choc ? Une banque d’importance systémique ou un grand groupe industriel ? Une compagnie aérienne ou un groupe hôtelier ? La rapidité de la transition du mode de confinement à un monde normal sera déterminant pour les changements structurels permanents.

Notre comportement a d’ores et déjà changé. Amazon remplace le supermarché. Zoom se substitue aux entretiens personnels. La Flûte enchantée à la télévision remplace les soirées à l’opéra. Les avancées concertées des chercheurs pharmaceutiques sont véritablement époustouflantes. En quelques semaines, 381 nouveaux essais cliniques ont été lancés sur le virus. L’épidémiologie via l’Internet des objets (IOT) permet d’identifier les points chauds avant même une visite chez le médecin.

Certaines entreprises s’adaptent, comme le boulanger qui propose son service de livraison par des annonces accrochées aux lanternes, et le professeur de musique qui enseigne désormais par Facetime. D’autres font faillite : par exemple notre agence de voyage ou un café en centre-ville. Et
d’autres encore sont cruellement frappés par l’abandon de rituels civils : les loyers ne sont tout simplement plus payés. Les règles de l’économie de marché sont durablement violées.

Une économie redessinée

Ce qui reste en fin de compte : encore plus de grands groupes qui ont compris comment fonctionnent l’internet et les services de livraison. Des centres-villes appauvris et des centres commerciaux désertés. Une classe moyenne clairsemée et des usines abandonnées dans les villages et les petites villes.

Des montagnes de dettes, un impôt sur la fortune et des décennies de conflits juridiques concernant les créances nées de la situation exceptionnelle que nous vivons actuellement. Peut-être aussi l’inflation, parce que la concentration du pouvoir d’achat rencontrera une offre raréfiée.

Et un regain de prospérité s’offre à ceux qui ont économisé leurs cartouches jusqu’à présent et qui achètent maintenant les entreprises, les actions, les obligations ou les biens immobiliers de ceux qui ont navigué avec trop peu d’eau sous la quille et qui sont maintenant en train de s’échouer. La prospérité se concentre sur ceux qui ne sont pas endettés et qui s’en donnent maintenant à cœur joie.

Hendrik Leber - ACATIS Investment

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