Bilan 2018 : comment expliquer la chute des marchés ?

Actualités - La fin d’année a été particulièrement difficile pour les actifs risqués. Les marchés actions occidentaux ont chuté en décembre, pénalisés par une forte volatilité suscitée notamment par les incertitudes politiques et les craintes de récession US. Sur le marché obligataire, les rendements des obligations européennes se sont contractés, les investisseurs privilégiant les actifs refuges dans un environnement marqué par une aversion croissante pour le risque.

Sur l’année 2018, le bilan est très négatif sur les actions, le crédit s’inscrit dans le rouge tandis que les obligations d’Etats jugées les plus sures se démarquent par des performances positives.

Les actions

Wall Street a chuté en décembre, avec une baisse de plus de 9% pour le S&P 500, accusant ainsi son plus mauvais mois depuis février 2009 et son pire mois de décembre depuis 1931. Les Bourses américaines ont été emportées par la crainte d’un ralentissement économique mondial sur fond de tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. Dans ce contexte morose, le « shutdown », c’est-à-dire la fermeture d’une partie des administrations fédérales faute d’accord budgétaire, l’annonce de la Réserve fédérale de poursuivre la normalisation de sa politique monétaire et les critiques de Donald Trump envers la banque centrale ont amplifié l’aversion pour le risque lors de la seconde quinzaine du mois.

Les actions européennes ont, elles aussi, connu un mois de décembre particulièrement difficile, marqué par le grand retour de la volatilité. Au final, le CAC 40 a abandonné près de 11% (hors dividendes) en 2018, sa plus forte baisse depuis 2011. Dans le reste de l’Europe, le bilan est similaire. Le Dax a chuté de plus de 18% tandis que le Footsie a perdu plus de 12%. L’essentiel des pertes ont été enregistrées au quatrième trimestre, avec une accélération baissière début octobre en raison des craintes liées à l’impact de la guerre commerciale, aux doutes concernant le Brexit et au ralentissement inattendu de l’économie européenne.

A Tokyo, le Nikkei, qui avait bien résisté l’essentiel de l’année, a abandonné près de 11% en décembre. Résultat, les actions japonaises accusent un repli de plus de 12% en 2018, soit leur première perte annuelle depuis 2011. La Bourse japonaise a mis un terme à sa plus longue série de hausses annuelles depuis la fin des années 1980 après avoir touché un sommet au-dessus des 24000 points début octobre.

Les Bourses asiatiques n’ont pas échappé au vent de défiance. Sur l’année, l’indice Asie- Pacifique (hors Japon) de MSCI a chuté de 16%, sa plus forte baisse depuis 2011. Les marchés chinois ont été les plus chahutés en raison des tensions commerciales.

Les marchés actions d’Amérique Latine ont souffert dans le sillage de Wall Street, tant en décembre que sur l’ensemble de l’année. Contre la tendance, la Bourse brésilienne a gagné du terrain le mois dernier pour afficher un bilan annuel nettement positif. Les actions ont bénéficié de l’élection de Jair Bolsonaro, un libéral convaincu, à la présidence du pays.

Les taux

Sur le marché obligataire européen, le Bund 10 ans, a reculé de 7,5 points de base en un mois à 0,235%, jouant pleinement son rôle de valeur refuge dans un climat d’aversion aux actifs risqués. Sur un an, la baisse atteint près de 20 points de base. A contrario, le rendement de référence français, l’OAT à dix ans, a très légèrement progressé en décembre, passant en un mois de 0,68% à 0,70%, après les mesures prises par Emmanuel Macron pour tenter de sortir de la crise des gilets jaunes. Pour autant, sur l’année, le rendement de l’OAT 10 ans s’est replié de 7,5 points de base.

La baisse des taux a également été sensible dans le reste de la zone euro. Les obligations à 10 ans espagnoles ont ainsi abandonné en un an 14 points de base à 1,41%. Le taux de la dette portugaise de même échéance s’est contracté sur la période de 17 points de base à 1,70% avec la révision à la hausse de sa note de crédit par les agences de notation en catégorie d’Investissement. Contre la tendance, le rendement de la dette 10 ans italienne a grimpé de 75 points de base à 2,74% en 2018 en raison des inquiétudes causées par la coalition populiste. Ces craintes se sont toutefois un peu apaisées en fin d’année avec la conclusion d’un accord entre le gouvernement et Bruxelles sur son projet de budget 2019, comme l’illustre la détente de 47 points de base du taux 10 ans en décembre.

Sur le marché du crédit, décembre s’est achevé de la même manière qu’une majeure partie de l’année 2018, sur un écartement des « spreads » de crédit et une certaine volatilité. Le mouvement sur les taux a toutefois permis au marché crédit euro investment grade d’afficher une performance mensuelle positive et d’atténuer celle négative du marché euro High Yield (haut rendement).

Le scénario économique pour 2019

Le scénario d’Aviva Investors table sur une croissance du PIB mondial plus modérée en 2019 qu’en 2017 et 2018, mais qui reste solide.

La croissance mondiale devrait ralentir légèrement en 2019, passant d’environ 3,75% cette année à 3,6%, mais devrait se maintenir au-dessus du potentiel dans toutes les grandes économies développées. L’année passée, la croissance s’est accélérée aux États-Unis, grâce aux mesures de relance budgétaire, mais a ralenti dans la zone euro et au Japon. Ces divergences ne devraient pas s’accentuer en 2019, mais devraient subsister.

Un rythme de croissance toujours soutenu devrait entraîner une nouvelle érosion des capacités excédentaires dans les principales économies, ce qui conduira à une nouvelle baisse du chômage et une légère hausse des salaires. Cela devrait conduire à une inflation sous-jacente plus élevée, qui devrait atteindre ou approcher les objectifs des banques centrales en 2019, même si l’inflation globale diminue en raison de la baisse des prix du pétrole.

• Aux Etats Unis, la croissance du PIB est attendue proche de 2,5% en 2019, un peu plus basse qu’en 2018, mais toujours au-dessus du potentiel. La confiance des ménages et la croissance des revenus sont encore très élevées. Le marché du travail devrait continuer à s’améliorer, le taux de chômage pouvant baisser à 3%. La croissance des salaires est toujours en cours. La Réserve fédérale américaine, désormais plus restrictive, devrait, selon nous, relever ses taux à trois reprises, bien que le marché n’envisage qu’une seule hausse de taux pour 2019.

Les perspectives de croissance sont moins dynamiques dans d’autres régions du monde, la Banque centrale européenne devrait relever les taux en fin d’année alors que la Banque du Japon ne devrait pas changer sa politique monétaire de façon explicite.

  • Dans la zone euro, nous pensons que la croissance devrait ralentir de 2,4% en 2017 et 2% en 2018, à 1,3%-1,5% en 2019. Une croissance de cet ordre constitue un ralentissement bienvenu pour maintenir un rythme de plus soutenable. La croissance de 2017 était exceptionnelle avec l’alignement de nombreux facteurs (commerce mondial, apaisement politique, Quantitative Easing de la BCE à son apogée, politique budgétaire US, baisse significative du chômage…). Le ralentissement au 3ème trimestre 2018 a été plus marqué que prévu, en raison de facteurs temporaires, un rebond est donc attendu. Le programme de rachats d’actifs de la Banque centrale européenne (BCE) se termine. La BCE pourrait commencer à s’éloigner des taux négatifs au second semestre de l’année prochaine.
  • Au Japon, une croissance de 1,1% nous paraît réalisable en 2019. La demande extérieure devrait rester tendue, la Chine étant le principal partenaire commercial, mais les Jeux Olympiques devraient donner un coup de pouce. Il est probable que la Banque du Japon ajuste sa politique monétaire pour obtenir une courbe des taux plus pentue.
  • Le ralentissement en Chine se confirme. Les principales préoccupations sont les suivantes : la croissance du crédit, le marché immobilier et les tarifs douaniers. La croissance devrait se situer entre 6% et 6,2% en 2019. Les mesures de relance étant plus complexes à mettre en œuvre que par le passé.

 

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