BCE : prête à faire plaisir aux marchés

Asset Management - Cette semaine, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé le renforcement de ses mesures de relance. Quelles perspectives s'ouvrent pour la politique monétaire de la zone euro ? Ulrike Kastens, économiste pour DWS, réagit à la réunion de la BCE de ce jeudi 4 juin.

Quelles que soient les attentes du marché, la BCE parvient toujours à les dépasser. Cela était d’ailleurs déjà le cas sous la présidence de Mario Draghi. Christine Lagarde — qui lui a succédé — a fait quelques faux pas au début, mais semble d’autant plus désireuse de montrer que les marchés peuvent aussi compter sur elle.

Souplesse et relance

La Banque Centrale européenne continue d’apporter son soutien chaque fois qu’elle en voit le besoin. Et les besoins sont nombreux, compte tenu de la profondeur de la récession dans la zone euro, la BCE prévoyant une baisse du PIB de – 8,7 % en 2020 et une reprise modérée de 5,2 % pour 2021. En attendant, elle s’attend à ce que l’inflation reste inférieure à 2 % au cours des prochaines années. Il n’est donc pas étonnant que la BCE ait renforcé ses mesures de relance d’urgence plus que prévu.

L’objectif, et Lagarde l’a répété à maintes reprises, est avant tout d’améliorer à nouveau les conditions financières. Celles-ci se sont détériorées ces dernières semaines, ce qui rend un nouvel assouplissement de la politique monétaire indispensable pour que la reprise économique se poursuive dans les mois à venir. De l’avis des banquiers centraux européens, le programme d’achat d’urgence en cas de pandémie (PEPP) de la BCE, avec sa flexibilité, est le mieux adapté à cet objectif.

De plus, en augmentant la taille du PEPP et en le prolongeant jusqu’en juin 2021, la BCE assure la stabilité des attentes ; cela continuera à aider les pays périphériques à faire face à la crise. Si la BCE a continué à acheter au rythme actuel dans le cadre du programme PEPP, elle a maintenant la possibilité de le faire jusqu’au printemps 2021.

Vers plus de transparence ?

A noter également : la Cour constitutionnelle allemande a déclaré dans son verdict de mai que la BCE avait précédemment outrepassé ses compétences, notamment en n’évaluant pas et en n’expliquant pas correctement la proportionnalité de ses mesures. Dans ce contexte, Christine Lagarde a souligné à plusieurs reprises l’analyse coût-bénéfice des décisions monétaires de la BCE.

Cela ne change rien à la position bien expliquée de la BCE selon laquelle elle n’est soumise qu’à la jurisprudence de la Cour européenne de justice — plutôt qu’à celle des tribunaux nationaux, y compris celle du plus grand État membre de la zone euro. Toutefois, la conférence de presse d’hier laisse entendre que le verdict allemand aura des effets indirects.

En particulier, il marque une étape importante vers une plus grande transparence, qui pourrait en fait être plutôt utile pour renforcer l’efficacité de la politique monétaire.

Ulrike Kastens - DWS

Economiste

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