BCE : le dernier cadeau de Mario Draghi

Asset Management - Baisse des taux, achats de titres obligataires... En juillet 2019, la banque centrale européenne (BCE) a pris des mesures accommodantes. Quel bilan tirer de la politique de Mario Draghi, à l'heure où il passe le relais à Christine Lagarde ? Quelles perspectives se dessinent pour la zone euro ? Igor de Maack, Gérant et porte parole de la Gestion chez DNCA Finance, partage son analyse.

L’évocation d’une baisse des taux et de la relance d’un programme quantitatif d’achats de titres obligataires par la BCE lors de sa dernière réunion ont poussé les rendements obligataires dans des territoires négatifs. Le système de « tiering » permettant de limiter l’impact des taux négatifs sur les dépôts excédentaires des établissements bancaires soulagera le compte de résultat des grandes banques européennes. 

Quelles perspectives de croissance ?

En pleine saison de publication de résultats, les marchés n’ont pas semblé surpris par ces mesures, sûrement plus concentrées par les annonces de résultats et les possibles opérations financières : Osram, Grandvision, Cobham, Coface, etc. Les avertissements sur résultats sont assez diversement appréciés.

Dans le secteur automobile, les perspectives des investisseurs étaient trop sombres même s’il ne faut pas négliger les difficultés de tous les secteurs cycliques. Dès lors les publications ont été plutôt bien saluées : Faurecia, Plastic Omnium, etc. Le paradigme des marchés ne change pas véritablement pour le deuxième semestre. La croissance mondiale tient malgré un affaiblissement.

Zone euro et japonisation

Le secteur manufacturier souffre de la guerre commerciale. Les entreprises sont toujours capables d’offrir une création de valeur ou un dividende généreux. Les actions demeurent un des rares actifs réels que les investisseurs peuvent encore à peu près valoriser malgré une politique monétaire devenue trop accommodante. Super Mario aura jusqu’au bout poursuivi une seule politique : celle de sauver l’euro — et ce n’est pas un petit succès — mais aussi celle de permettre aux États impécunieux de se financer à très bas coûts… et c’est là une perversité financière.

Son action n’aura ni permis de véritablement relancer l’économie et encore moins favorisé le retour de l’inflation salariale. Il passera le témoin à Christine Lagarde d’une zone monétaire certes sauvée, mais proche de la japonisation : vieillissement démographique, croissance faible et taux longs réels durablement négatifs. Il n’aura jamais douté de la justesse de sa politique. Ce fut une force au moment de la crise de la zone euro en 2011 mais c’est peut-être devenu une faiblesse aujourd’hui. Comme le grand philosophe allemand Nietzsche l’écrivait : « ce n’est pas le doute qui rend fou mais la certitude ».

Igor de Maack - Vitalépargne Paris

Associé – Dirigeant

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