BCE déprimante, marchés déprimés

Asset Management - La réunion de la Banque centrale européenne (BCE) le 7 mars dernier a soulevé des inquiétudes sur les marchés, au sujet de la croissance européenne. La BCE va maintenir les taux d'intérêt actuels — historiquement bas — au moins « jusqu'à la fin » 2019. Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet Asset Management, analyse les conséquences de cette décision.

La BCE a baissé significativement ses perspectives économiques et les marchés sont déprimés. Les trois pilules proposées par Mario Draghi ne semblent pas suffire à remonter le moral des marchés.

Perspectives incertaines à court terme

La BCE reconnaît que les perspectives économiques à court terme sont plus sombres qu’elle ne l’avait envisagé auparavant. Certes, la zone euro devrait retrouver une dynamique de croissance plus favorable, notamment grâce à la demande intérieure.

Mais Mario Draghi souligne qu’il reste difficile de prédire combien de temps l’incertitude affectera l’économie mondiale, dont la zone euro dépend. Les prévisions du PIB ont été révisées à la baisse à 1,1 % en 2019 et 1,6 % en 2020,  l’inflation à 1,2 % en 2019 et 1,5 % en 2020, avec un biais toujours à la baisse.

Au total, la BCE propose trois pistes de traitement : l’orientation des taux, la politique de réinvestissement et le TLTRO (« Targeted longer-term refinancing operations » NDLR).

Aider les banques à respecter les ratios réglementaires

Les taux d’intérêt devraient rester à leur niveau actuel au moins jusqu’à fin 2019. L’institution continuera de réinvestir en totalité les tombées des obligations présentes dans son bilan, et ceci pour une période prolongée.

Un nouveau TLTRO sera lancé en septembre 2019, sur un rythme trimestriel maintenu jusqu’à mars 2021. Chaque TLTRO aura une durée de vie de deux ans. Quelques remarques. Les opérations de TLTRO ont été décidées en raison de l’arrivée à échéance des prêts, du niveau élevé des créances irrécouvrables dans certains pays et du besoin d’aider les banques européennes à rester conformes aux ratios réglementaires.

Quelles perspectives pour 2020 ?

Pour la BCE, la fin de l’assouplissement quantitatif ne signifie pas un resserrement : la politique de réinvestissement laissera le bilan de la BCE inchangé, sur un niveau élevé de 46 % du PIB.

De notre côté, nous nous attendons maintenant à ce que le prochain mouvement de la BCE ait lieu au premier semestre 2020.

Frédéric Rollin - Pictet AM

Conseiller en stratégie d’investissement

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