Banques centrales : les marchés en attendent-ils trop ?

Asset Management - La semaine prochain, la banque centrale américaine dévoilera son message de politique monétaire. Dans un contexte général de politiques accommodantes des banques centrales, les marchés financiers s'attendent à une baisse notable des taux directeurs. Dans quelle mesure cette hypothèse est-elle réaliste ? Benoit Peloille, stratégiste chez VEGA IM, partage son analyse.

La Banque centrale européenne (BCE) a délivré un message particulièrement accommodant ce jeudi 25 juillet. Les marchés actions ont tout de même reculé, attendant probablement plus de détails sur les actions à venir. Mercredi prochain — soit le 31 juillet prochain — la banque centrale américaine (Fed) délivrera son message de politique monétaire. Il fait peu de doute quant à une baisse de 25 bps de son taux directeur. Le consensus attend une baisse de 25 bps à 80 %, et 20 % attendent 50 bps.

Néanmoins — à l’image de la conférence de presse de la BCE ce jeudi — les marchés seront à l’affut d’éventuels détails sur les actions futures et notamment l’entrée dans un cycle d’assouplissement monétaire. Celle-ci n’est pourtant pas acquise, compte tenu des fondamentaux de l’économie américaine. Un risque de déception n’est pas à exclure en cas de simple baisse de taux « préventive » et perçue comme limitée.

L’effet du chômage et de l’inflation

Généralement, la Fed démarre un cycle d’assouplissement monétaire quand apparaissent des signes clairs de dégradation du marché du travail. Aujourd’hui, le taux de chômage aux Etats Unis reste sur ses plus bas. Il est encore tôt pour y voir une dégradation des conditions d’accès au marché de l’emploi.

L’inflation est effectivement contenue, mais depuis le précédent FOMC, la situation n’indique pas une dégradation majeure. Les anticipations d’inflation à 5 ans ont légèrement rebondi, pour être désormais plus en ligne avec l’objectif de la Fed de 2 %.

Banques centrales : les marchés en attendent-ils trop ?
Sources : Bloomberg, VEGAIM

Le poids de l’ISM manufacturier

L’activité manufacturière s’est dégradée, mais reste décente avec l’ISM manufacturier toujours en zone d’expansion. A titre d’exemple, en décembre 2000, la Fed avait abaissé ses taux directeurs de 50 bps alors que l’ISM Manufacturier s’était déjà largement enfoncé en zone de contraction (43,9 points).

En septembre 2007, la Fed n’avait pas attendu que l’activité se contracte pour agir et avait abaissé ses taux de 50 bps alors que l’ISM manufacturier était à 53,8 points. Néanmoins, la crise de la dette des ménages avait déjà commencé. Comme en 2000, les conditions de financements s’étaient significativement dégradées, nécessitant une action significative face au risque de « credit crunch ».

En conclusion, retenez qu’il existe de prime abord un risque de déception. C’est notamment le cas après la hausse des actifs risqués, comme c’est arrivé ces dernières semaines.

Benoît Peloille - VEGA IM

Gérant-Analyste multigestion

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