Allemagne : quel est l’intérêt de détenir des obligations d’État sans rendement ?

Asset Management - Les rendements des Bunds allemands à 10 ans sont tombés à zéro. Pourquoi garder dans son portefeuille des obligations d'Etat qui ne rapportent plus rien ? Investissements buy-and-hold, effets de prix et diversification... Johannes Muller, Responsable de la Recherche Macro chez DWS, partage son analyse.

Quelques semaines de données économiques décevantes et les rendements des obligations souveraines dites « refuge » ont de nouveau régressé. Dans le cas des Bunds allemands à 10 ans, la référence de la zone euro, les rendements ont même atteint zéro.

L’achat d’une telle obligation aujourd’hui et sa détention jusqu’à son échéance ne produiront aucun rendement pendant 10 ans, même en termes nominaux. On vous remboursera simplement le montant principal. Pas étonnant que les investisseurs se plaignent depuis des années, pleurant le bon vieux temps où les titres du Trésor américain, les Bunds allemands ou les gilts britanniques avaient des taux d’intérêt annuels de 5 % et plus !

Distinguer Bunds et investissements buy-and-hold

Nous pensons qu’il ne faut pas considérer les Bunds comme des investissements purement buy-and-hold. Un coup d’œil aux statistiques sur le rendement révèle une autre histoire. En 2018, alors que presque rien ne fonctionnait sur les marchés financiers, les Bunds à 10 ans ont enregistré une performance positive de 2,7 % et les titres du Trésor une performance de 0,9 %. En 2019, jusqu’à présent, les Bunds ont enregistré une performance de 1,8 % et les titres du Trésor de 1,9 %.

Dans presque tous les cas, ils ont largement dépassé les attentes, y compris les nôtres, nous devons l’admettre. Il ne faut pas oublier que, sur le plan arithmétique, lorsque les rendements baissent, les prix des obligations augmentent. L’inverse est également vrai. Si les rendements devaient augmenter, par exemple en raison d’un rebond de l’inflation, cela aurait pour effet à la fois de faire baisser les prix des obligations et d’éroder la valeur réelle des titres. Les effets de prix sont particulièrement prononcés pour les obligations à plus longue échéance.

Conserver certains Bunds à des fins de diversification

Pourquoi alors, pour revenir à notre question initiale, serait-il encore logique de détenir des obligations souveraines allemandes, maintenant qu’elles semblent avoir atteint le point de non-retour ? Comme nous l’avons vu, les rendements peuvent également tomber en territoire négatif, entraînant une hausse des prix des obligations et une performance positive, même en l’absence de tout revenu de titre.

Par conséquent, même avec un rendement nul, on pourrait vouloir conserver certains Bunds, du moins à des fins de diversification. Cela pourrait aider à stabiliser le reste de son portefeuille lorsque la situation se détériore, comme cela a été démontré à nouveau à la fin de 2018.

Johannes Müller - DWS

Responsable de la Recherche Macro

Voir tous les articles de Johannes