Les actions et taux soumis aux tensions mondiales

Asset Management - Les actifs à risque ont vécu un mois de juin particulièrement mouvementé. En hausse lors de la première quinzaine du mois, les actions sont reparties à la baisse avec le regain de tensions commerciales entre les Etats-Unis et le reste du monde, notamment la Chine et l’Europe.

La hausse de l’aversion pour le risque a profité aux emprunts d’Etat jugés les plus sûrs, tels que l’emprunt d’Etat américain à 10 ans ou le Bund allemand. Les doutes des investisseurs ont également bénéficié à d’autres actifs considérés comme refuge, à l’image du yen.

 

Les actions, au rythme de la guerre commerciale

Au mois de juin, les marchés actions européens ont évolué au rythme des actualités, parfois contradictoires, sur le bras de fer que se livrent les Etats-Unis et la Chine sur le commerce. Les principaux indices ont connu une première quinzaine de hausse et une seconde de net repli. Les différentes mesures de protectionnisme décidées par l’administration américaine risquent de provoquer des ripostes de la Chine et de l’Europe et de pénaliser, plus durement que prévu l’économie mondiale. Parallèlement, les tensions politiques s’accroissent en zone euro avec la question des migrants qui renforce la puissance des partis populistes. Les secteurs cycliques ont été les plus attaqués en juin, la hausse des tarifs douaniers entre les Etats-Unis et la Chine impactant surtout le secteur automobile et les sociétés exposées au commerce mondial.

Wall Street a également connu un mois de juin en 2 temps. Le repli s’est essentiellement fait sur les 15 derniers jours du mois lorsque le président Donald Trump a précisé ses menaces à l’encontre de ses partenaires étrangers. Washington doit mettre en œuvre à partir du 6 juillet des droits de douane de 25% sur 34 milliards de dollars de produits chinois. Une décision qui devrait probablement se traduire par une riposte immédiate de Pékin, qui pourrait enclencher à son tour une nouvelle escalade de la part de la Maison Blanche. Le président américain a déjà évoqué des tarifs douaniers portant sur 200 milliards de dollars de produits chinois, ce qui pénaliserait la croissance américaine et par voie de conséquence le cycle mondial.

Le marché actions japonais a été sous pression dans le sillage des autres places mondiales. Les investisseurs s’inquiètent des conséquences des tensions commerciales internationales. Tokyo a également été pénalisé par l’appréciation du yen, considérée comme une monnaie refuge, qui risque de compromettre la croissance tirée par les exportations.

Les actions chinoises se sont nettement repliées au mois de juin, affectées par bras de fer que se livrent les deux premières puissances économiques mondiales sur le front du commerce. Les marchés d’Amérique latine ont également souffert à l’exception de la Bourse mexicaine dans la perspective de la victoire du candidat de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador, à l’élection présidentielle.

 

Les taux profitent de l’aversion au risque

Sur le marché obligataire, les emprunts d’Etat jugés les plus sûrs ont bénéficié du regain d’aversion pour le risque à partir de la deuxième quinzaine du mois de juin. Le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans, qui dépassait le seuil des 3% au mois de mai, a clôturé le mois de juin à 2,86%. Comme attendu, la Réserve fédérale a relevé d’un quart de point la fourchette cible de son taux au jour le jour entre 1,75% et 2% et annoncé deux nouvelles hausses de taux cette année. En zone euro, après avoir atteint 0,49% le 11 juin, le Bund allemand est reparti à la baisse pour clôturer le mois à 0,30% en dépit de l’accélération de l’inflation en zone euro à 2% en mai pour la première fois depuis février 2017, dans la cible de la BCE. Du côté des dettes périphériques, considérées comme plus risquées, l’évolution a été plus volatile. Le rendement de la dette italienne à dix ans ne s’est que légèrement contracté, passant de 2,75% à 2,67%, à l’issue d’un mois heurté en raison du risque politique incarné par le nouveau gouvernement populiste, tandis que le 10 ans espagnol est passé en un mois de 1,47% à 1,32%.

Le mois de juin a été volatil, avec une nette détente des spreads suite à la formation d’un gouvernement en Italie puis la résurgence de l’aversion au risque, en raison de la rhétorique protectionniste américaine et de divergences européennes sur les questions migratoires. Au global, les indices crédit Investment Grade comme High Yield ont affiché une performance légèrement positive sur le mois.

 

Guerre commerciale et volatilité

Compte tenu des perspectives de croissance qui demeurent toujours favorables aux actifs risqués, nous restons optimistes sur les actions globalement. Nous considérons que la période à venir de publication des résultats du 2ème trimestre sera un indicateur important sur la direction que prendront les marchés pour les prochains mois. Concernant le risque accru de protectionnisme, nous n’écartons pas la possibilité de revoir à la baisse nos anticipations en matière de performance des actions, en particulier celles affichant une plus grande sensibilité aux échanges commerciaux et au dollar.

En effet, nous considérons que l’aggravation des tensions commerciales, selon l’ampleur qu’elle prendra dans sa mise en œuvre, représente un facteur de volatilité qui va perdurer. Néanmoins, ces tensions seront susceptibles d’être surmontées tant qu’elles n’affectent pas la croissance au niveau mondial. Ainsi, nous ne serions pas surpris d’assister à des pics de volatilité plus fréquents, dans un contexte où les banques centrales réduisent progressivement leurs mesures de soutien et où les marchés sont obligés de refaire l’apprentissage de l’évaluation du risque sous-jacent.