Actions asiatiques : les raisons d’investir

Asset Management - Les actions asiatiques devraient continuer leur rallye au cours des prochains mois.

La croissance asiatique devrait être durablement supérieure à la croissance mondiale. Les réformes portent progressivement leurs fruits, en Inde et en Indonésie par exemple. Les entreprises de la région sont très innovantes : le secteur technologique représente 27% de l’indice total, à comparer à 17% pour le MSCI World.

Autrefois focalisés sur les volumes des ventes, les dirigeants des entreprises se sont désormais orientés vers l’amélioration de la rentabilité. Ces efforts sont récompensés : la rentabilité pour l’actionnaire remonte depuis le début de l’année.

Les actions asiatiques n’ont pas encore récupéré le retard accumulé depuis 2011. En termes de bénéfices par action (BPA), le marché est de 20% moins cher que celui des actions mondiales. Les flux acheteurs ont été modestes jusqu’à maintenant.

Accélération de la croissance

La croissance économique de la région est la plus élevée du globe et devrait accélérer, de 6% en 2017 à 6,1% en 2018. Grâce à leurs exportations de produits manufacturés, les pays asiatiques bénéficient pleinement de la reprise du cycle économique mondial.

De plus, la plupart des pays de la région ont mis en place des réformes qui leurs permettront de conserver des taux de croissance élevés sur une longue période.

Inde : plus de 7% de croissance sur 5 ans

La croissance indienne devrait être particulièrement forte, avec plus de 7% durant les cinq prochaines années selon nos économistes.

Le niveau de départ est peu élevé. Le PIB par habitant est de 1600 dollars US3, parmi les plus bas des pays émergents et largement inférieur à celui de la Chine (plus de 7000 dollars US). La population indienne est la plus jeune des pays BRIC. La part de la population active devrait continuer d’augmenter jusqu’en 2040. L’urbanisation est encore peu avancée, de l’ordre de 35%, alors que la Chine a dépassé les 50% et l’Amérique latine les 70%.

Les réformes mises en place par le gouvernement Modi pourraient transformer radicalement l’économie.

Le code de solvabilité et des faillites fixe un cadre juridique clair pour les faillites et les restructurations d’entreprises. La loi Aadhaar a par ailleurs établi un numéro unique d’identification pour les citoyens bénéficiaires de l’aide de l’Etat, afin de mieux cibler l’aide sociale et d’éviter la fraude. Et la nouvelle loi immobilière a créé une autorité de surveillance du secteur, qui rééquilibre les rapports entre le constructeur et le client.

La croissance indienne, qui a ralenti en 2017 en raison de la loi de démonétisation, devrait rebondir en 2018, de 6,5% à 7,5%.

 

Indonésie : de fragile à bolide

Lors de la crise émergente de 2013, l’Indonésie faisait partie du club des cinq «pays fragiles». Elle s’est depuis redressée et cette année, son crédit souverain a été noté investment grade pour la première fois depuis la crise asiatique de 1997.

Ce retour en grâce nous semble durable : L’Indonésie récolte les fruits des politiques économiques judicieuses amorcées ces dernières années: investissement dans les infrastructures, réduction du poids de l’administration, renforcement de la collecte des taxes et ouverture de pans entiers de l’économie aux investisseurs privés.  La croissance indonésienne est soutenue par une démographie favorable et par un ratio d’investissement/PIB élevé.

L’économie indonésienne rebondit depuis deux ans, en grande partie grâce aux investissements et aux exportations. Les ventes de détail devraient prendre le relais, en ligne avec la bonne tenue de la confiance des consommateurs.

L’Asie, champion technologique

Les économies asiatiques se sont largement modernisées au cours des dernières années. Le MSCI Asie ex Japon inclut 27% de valeurs des technologies de l’information, contre seulement 17% pour le MSCI World.
La Chine à elle seule publie plus de recherches académiques que les Etats-Unis dans le domaine de l’intelligence artificielle. Les géants comme Alibaba ou Baidu viennent y concurrencer les grandes entreprises américaines. Pour réaliser son ambition d’être le leader, Baidu investit 15% de son chiffre d’affaires en recherche et développement, soit 1,5 milliard de dollars US. Selon sa direction, la totalité de cette recherche est liée à l’intelligence artificielle.

Entreprises : davantage de rendement pour l’actionnaire

Longtemps, l’attention des entreprises asiatiques s’est portée sur la croissance du chiffre d’affaires, au risque de procéder parfois à des investissements peu rentables. Les perspectives ont changé et les dirigeants d’entreprise ont tourné leur attention vers la rentabilité pour l’actionnaire. Les marges opérationnelles se sont redressées, de moins de 13% en 2012 à plus de 16% en 2017. Le retour sur capitaux propres est en amélioration depuis le début de l’année.

Valorisations : encore du potentiel

Les actions asiatiques ont largement surperformé le reste du marché depuis le début de l’année. Le marché est-il trop cher ?  Malgré le rallye, le marché asiatique est encore aujourd’hui de l’ordre de 20% moins cher que les actions mondiales, alors qu’avant 2011, il était pratiquement à parité avec le reste du marché.

Les investisseurs ne reviennent que progressivement vers la classe d’actifs. Le montant total de rachats dans les fonds entre mars 2013 et mars 2017 a été supérieur à 80 milliards de dollars US. Depuis, moins de 10 milliards ont été souscrits.

Frédéric Rollin - Pictet AM

Conseiller en stratégie d’investissement

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