Actifs à risque : un mois d’octobre tourmenté

Asset Management - Les actifs à risque ont vécu un mois d’octobre particulièrement tourmenté. Le repli des marchés actions a commencé dès le début du mois en raison des craintes liées à l’évolution des marges des entreprises dans un contexte d’aversion pour le risque (tensions commerciales, normalisation de la politique monétaire de la Fed, budget italien, ralentissement en Europe et en Chine).

La phase de correction a ensuite été amplifiée par la publication de résultats d’entreprises décevants aux Etats-Unis et en Europe. Cette hausse de la volatilité a profité aux obligations des Etats jugés les plus sûrs au détriment des emprunts des pays périphériques et de la dette corporate.

 

Actifs à risque : les actions corrigent lourdement

Wall Street a subi une lourde correction en octobre malgré la solidité de l’économie américaine (+3,5% au troisième trimestre en rythme annuel). La nervosité des investisseurs a été alimentée par le ralentissement de la Chine, lié en partie à la guerre commerciale avec les Etats-Unis. Le FMI a revu ses perspectives de croissance mondiale, ramenant ses estimations de 3,9% à 3,7% pour 2018 et 2019. La perspective d’un ralentissement de la demande combinée à une pression sur les coûts s’est notamment traduite par une série d’avertissements sur résultats de poids lourds, comme Caterpillar, 3M, Texas Instrument ou AMD.

Les marchés actions européens ont fortement chuté en octobre dans le sillage de Wall Street. Aux craintes sur les conséquences de la guerre commerciale se sont ajoutées les doutes sur l’évolution de l’économie mondiale. Les indices ont également pâti du bras de fer entre l’Italie et Bruxelles sur le déficit budgétaire italien. D’un point de vue sectoriel, la technologie et le luxe, moteurs des marchés au premier semestre, ont le plus souffert en raison d’une valorisation jugée élevée. Les valeurs cycliques, comme les équipementiers automobiles, ont également subi d’importants dégagements.

La Bourse de Tokyo a elle aussi subi un mouvement de vente massif à partir d’un sommet historique à plus de 24000 points atteint en tout début de mois. Les actions japonaises ont été pénalisées par l’appréciation du yen, considéré comme une valeur refuge.

Les valeurs chinoises n’ont pas échappé à la vaste correction des marchés. Les investisseurs s’inquiètent du ralentissement de la croissance en Chine (+6,5% au troisième trimestre en rythme annuel, soit son taux de croissance le plus faible depuis le premier trimestre 2009). Face à cette crainte, Pékin a annoncé à la fin du mois son intention de mettre en œuvre des mesures pour relancer l’économie et soutenir la Bourse.

Les marchés actions émergents ont globalement pâti du regain d’aversion pour le risque. Contre la tendance, la Bourse Brésilienne a gagné du terrain. L’indice Bovespa a été porté par la victoire à l’élection présidentielle du candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro. Les investisseurs espèrent que le nouveau président mettra en œuvre les réformes promises lors de sa campagne pour relancer la première économie d’Amérique latine.

 

Le regain d’aversion pour le risque profite aux obligations

Le regain d’aversion pour le risque a profité aux obligations des Etats jugés les plus sûrs. Le taux à dix ans allemand a abandonné en octobre 9 points de base à 0,38%. En France, le taux à dix ans a reculé en un mois de 5 points de base à 0,75%. L’inflation en zone euro a accéléré en octobre à 2,2% en rythme annuel après +2,1% en septembre, confortant l’objectif de la BCE de mettre un terme d’ici à la fin de l’année à son programme d’assouplissement quantitatif (QE).

Contre la tendance, les taux italiens se sont tendus en raison du bras de fer entre l’Italie et Bruxelles. La Commission européenne a rejeté à la fin du mois le projet de budget 2019 de l’Italie, jugeant son déficit trop élevé au regard de sa dette, et lui a donné trois semaines pour en proposer un autre. Standard & Poor’s a maintenu la note souveraine de l’Italie à BBB mais a abaissé la perspective à « négative » contre « stable ». Auparavant, Moody’s, avait abaissé sa note d’un cran de BAA2 à BAA3, un échelon seulement au-dessus de la catégorie spéculative (« junk »). Le taux à dix ans italien a ainsi progressé en un mois de 29 points de base à 3,42%, sans toutefois emporter les autres dettes des états européens périphériques dans son sillage. Le rendement de l’emprunt espagnol à 10 ans n’affiche qu’une hausse modérée de moins de 5 points de base à 1,54%.

La dette corporate a suivi le mouvement de fuite vers la qualité enregistrée en octobre. Les tensions ont été modérées sur « l’investment grade », et plus marquées pour le High Yield. Les financières ont mieux résisté que les Corporates mais continuent d’accuser du retard depuis le début de l’année.

Le scénario économique

Le scénario d’Aviva Investors table sur une croissance du PIB mondial solide, proche des 4% en 2018, un rythme jamais atteint depuis 2011, mais moins synchronisée que l’an dernier. L’environnement de croissance et d’inflation est en adéquation avec la fin progressive des politiques monétaires exceptionnelles menées ces dernières années. Les politiques protectionnistes constituent les principales menaces sur les marchés mondiaux. Si les tensions actuelles entre les Etats-Unis et la Chine se transformaient en une guerre commerciale totale, les prévisions de croissance des grandes régions exportatrices (comme la Chine, le Japon, l’Asie émergente et la Zone euro) se détérioreraient fortement.

Aux Etats Unis, la croissance a été dynamisée par les baisses d’impôts du début d’année, malgré la poursuite de la hausse des taux de la Réserve fédérale. La Fed a déjà relevé ses taux à huit reprises depuis fin 2015, et devrait procéder à quatre relèvements supplémentaires d’ici la fin 2019. La croissance du PIB est attendue proche de 3% en 2018 et l’inflation devrait se maintenir au-dessus de 2%. Les perspectives de croissance sont moins dynamiques dans d’autres régions du monde, la Banque centrale européenne ainsi que la Banque du Japon ne devraient d’ailleurs pas relever leurs taux avant le milieu de l’année prochaine.

La croissance de la zone euro s’est un peu ralentie, ce qui était sans doute nécessaire. Le maintien d’une rythme de croissance au-dessus de 3% aurait en effet pu conduire à une surchauffe. La dynamique devrait tout de même se maintenir audessus du potentiel cette année et en 2019. Le programme de rachats d’actifs de la BCE devrait se terminer fin 2018, suivi d’une première hausse des taux au second semestre 2019.

Pour le Japon, le rebond de la croissance au deuxième trimestre confirme que la déception au premier trimestre relevait de facteurs temporaires. Des risques ont toutefois émergé avec la politique protectionniste des Etats-Unis, mais la demande domestique devrait être soutenue par la hausse des salaires et l’accélération de la consommation avant les hausses des taxes.

La croissance en Chine ralentit et les conditions financières de certains pays émergents se tendent. Les tarifs douaniers imposés par les Etats-Unis à la Chine n’ont, selon nous, pas eu d’impact notable jusqu’ici sur le commerce mondial. Les conséquences devraient commencer à se faire sentir au quatrième trimestre et peut être s’intensifier en 2019.