Réda Aboutika – XTB France : Ethereum du Proof of Work au Proof of Stake, « c’est une évolution majeure pour internet ! »

Asset Management - Mi-septembre, une évolution majeure va avoir lieu sur la blockchain d’Ethereum : The Merge. Le réseau va passer du Proof of Work à Proof of Stake. Quels sont les enjeux de cette mise à jour ? Réda Aboutika, Chef Analyste chez XTB France, répond en exclusivité au Courrier Financier.

Le Courrier Financier : De Proof of Work à Proof of Stake, qu’est-ce qui change pour Ethereum ?

Réda Aboutika : Certains acteurs parlent de réduction des frais de transaction, ça n’est pas le cas. Ce passage de Proof of Work à Proof of Stake vise trois objectifs principaux. Tout d’abord, ça va permettre de rendre la blockchain Ethereum plus eco-friendly. En passant au Proof of Stake nous allons réduire la consommation énergétique de la validation des blocks de 99,95 %. Certes, le Proof of Work garantit une meilleure sécurité du réseau, mais il est très énergivore. Pour le Bitcoin, la sécurité est une priorité, pour Ethereum, en revanche c’est la scalabilité. D’ailleurs, augmenter la scalabilité est l’objectif numéro deux. Concrètement, ce système permettra de prendre en charge une hausse éventuelle des transactions sur le réseau. Avec cette mise à jour, nous allons passer de 15 à 20 transactions par seconde à 100 000. Enfin, le troisième objectif est de rendre l’Ether déflationniste.

C.F. : Des problèmes de sécurité vont-ils se poser ? 

RA : Il n’y a pas à s’inquiéter au niveau de la sécurité. Effectivement, cette mise à jour ne va pas permettre de renforcer la sécurité. Cependant, ça n’est pas une menace pour les utilisateurs. Il convient de préciser que garantir une sécurité maximale n’est pas le but principal d’Ethereum. En pratique, Ethereum peut être comparé à une machine virtuelle qui va exécuter le code d’un développeur. Ce dernier va stocker des données en échange d’un coût appelé « gas ». Si la sécurité n’est pas menacée, il y aura cependant de nombreuses tentatives d’arnaques. Nous nous attendons notamment à beaucoup de phishing. Ceux qui détiennent des Ethers, aujourd’hui, n’auront aucune action à réaliser. 

C.F. : Cette évolution va-t-elle modifier l’écosystème des cryptomonnaies ? 

RA : C’est une évolution majeure pour internet, et pas seulement pour l’univers des cryptomonnaies ! Nous sommes en train de passer du Web 2 [NDLR : le web participatif] au Web 3, le web décentralisé. Si tout se passe bien, on devrait assister, à court terme, à une amélioration du sentiment de marché. Toutefois, ce comportement est dépendant du sentiment général sur le « marché actions ». Cet événement ne mettra donc pas un terme au Bear Market, mais, il pourrait donner du carburant en cas d’un retour haussier des actifs risqués. Par ailleurs, à long terme, on peut envisager le « Flippening » [NDLR : situation dans laquelle la capitalisation de l’Ether domine celle du Bitcoin].

C.F. : Comment les investisseurs peuvent-ils se préparer ? 

RA : Les investisseurs doivent se préparer de la même manière qu’à l’aube d’une annonce de politique monétaire. Nous savons qu’il y aura de la volatilité. En cas d’entrer en position à ce moment-là, il faudra être extrêmement prudent. Il conviendra de redoubler d’efforts du côté de la gestion du risque. Par exemple, les investisseurs peuvent mettre en place des seuils de clôture de positions automatiques, appelés « Stock Loss ». Il sera également nécessaire de mettre en place une discipline de trading très stricte. En effet, nous pourrons assister à une chute des cryptomonnaies. En définitive, personne ne peut prédire la direction du marché, il conviendra donc de rester vigilants.

Mathilde Ledroit - Le Courrier Financier

Journaliste

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