Emmanuel Laussinotte – Gay-Lussac Gestion : investir dans les small caps, « le stress de liquidité est derrière nous »

Asset Management - Pourquoi s'intéresser au segment des petites capitalisations en 2023 ? Quelle place leur donner dans une stratégie d'épargne — notamment pour préparer sa retraite ? Emmanuel Laussinotte, Président de Gay-Lussac Gestion, répond en exclusivité au Courrier Financier.

L’année 2022 s’est révélée difficile pour les très petites capitalisations (micro et small caps) — notamment en raison d’un problème de liquidité. Les performances devraient être meilleures pour ce segment de la cote en 2023. La SGP Gay-Lussac Gestion — spécialiste des micro & small caps — revient sur ce rebond et partage ses convictions. « Nos fonds Gay-Lussac Microcaps Europe et Gay-Lussac Europe Flex sont d’excellents vecteurs pour s’exposer au rebond des smallcaps en 2023 », nous explique Emmanuel Laussinotte, Président de Gay-Lussac Gestion. Il répond en exclusivité aux questions du Courrier Financier.

Le Courrier Financier : En janvier 2023, Gay-Lussac Gestion fête ses deux ans mais votre track record remonte à 1995. Pouvez-vous revenir sur la genèse de Gay-Lussac Gestion ?

Emmanuel Laussinotte - Gay-Lussac Gestion : investir dans les small caps, « le stress de liquidité est derrière nous »
Emmanuel Laussinotte

Emmanuel Laussinotte : Anciennement Raymond James Asset Management International, notre société de gestion de portefeuille a pris son indépendance en 2021. Ce projet s’inscrit dans la continuité des 28 ans de présence auprès de nos clients privés, entreprises clientes et partenaires.

Nous avons renforcé notre expertise autour de trois domaines : la gestion de fonds, la gestion privée et l’épargne salariale. Notre stratégie réside dans l’accompagnement sur mesure de ses clients ainsi que dans son expertise sur les micro, small & midcaps, avec la volonté d’inscrire son action dans le temps.

C.F. : Pourquoi l’année 2022 a-t-elle été difficile pour les très petites capitalisations (micro & small caps) ?

E.L. : La sous-performance de la classe d’actifs micro & small caps s’explique par différents facteurs. Un ralentissement de l’intérêt pour le risque chez les investisseurs, entraîné par le durcissement du ton des différents banquiers centraux, ainsi que la détérioration du climat économique et géopolitique à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie fin février.

Par ailleurs, les valeurs de petites capitalisations ont souffert d’un phénomène de crise de liquidité, provoquant des baisses significatives et régulières sur la classe d’actifs. De ce fait, les très petites capitalisations (MSCI Europe MicroCaps Net Local TR) ont réalisé une très mauvaise année (-22,44 %). La sous-performance des petites capitalisations a été significative et témoigne d’une aversion aux risques des investisseurs tout au long de l’année 2022.

Ces investisseurs ont préféré se réexposer progressivement au marché à partir de juillet dernier. Mais ils l’ont fait à travers les plus grandes capitalisations. C’est l’explication principale des divers « bear-market rallyes » du deuxième semestre 2022.

C.F. : Pourquoi les investisseurs devraient-ils s’intéresser à ce segment de la cote en 2023 ?

E.L. : La liquidité est un facteur de risque essentiel sur la classe d’actifs des smallcaps. Même s’il y a toujours quelques prises de profits sur la classe d’actifs, nous pensons que le stress de liquidité est derrière nous. C’est donc une excellente opportunité d’investir sur les petites capitalisations. Positionnées sur des marchés de niches, les micro-capitalisations sont pour la plupart des sociétés familiales ou entrepreneuriales. Elles conférent aux investisseurs un excellent alignement d’intérêts avec les dirigeants.

Les petites capitalisations étant très peu couvertes, elles représentent un important réservoir d’inefficience en termes de valorisation par rapport aux grandes capitalisations — mieux couvertes par les analystes sell side. Leur petite taille donne également à ces sociétés une optionalité M&A, puisqu’elles sont des cibles idéales pour des acteurs plus importants qui souhaitent consolider leurs marchés adressables.

C.F. : L’année 2023 sera aussi celle de la réforme des retraites. D’après vous, quel pourrait-être l’impact de ce changement sur le marché de l’épargne salariale ?

E.L. : La réforme des retraites est présentée comme inévitable. L’ensemble des indicateurs se détériore depuis près de 30 ans. Le rapport démographique (ratio actifs/retraités) est en baisse tendancielle. Le niveau de vie (ou pouvoir d’achat) moyen des retraités progresse moins vite que l’inflation. Le taux de remplacement — passage de la dernière rémunération en tant qu’actif à la pension de retraite — fléchit aussi, avec l’arrivée à la retraite de nouvelles générations.

Les mesures annoncées concernent uniquement les deux premiers niveaux du système de retraite français : la retraite de base et la retraite complémentaire. Ainsi, cette réforme va-t-elle renforcer l’élan donné au marché de l’épargne salariale depuis la loi PACTE. L’épargne salariale est un compartiment primordial pour compléter sa retraite et maintenir son pouvoir d’achat.

L’épargne salariale permet la constitution d’une épargne personnelle — à travers un système collectif mis en place par l’entreprise — pour compléter sa retraite dans un cadre fiscal et social avantageux. Elles attirent de plus en plus d’actifs qui souhaitent pallier la future baisse de leur niveau de vie, amplifiée par les réformes successives. Le marché de l’épargne salariale devrait continuer son développement. Aujourd’hui, seuls 11,5 millions de personnes disposent d’un compte d’épargne salariale pour 28,2 millions d’actifs.

C.F. : Lors du dernier salon Patrimonia (29-30 septembre 2022), vous avez lancé votre offre d’épargne-retraite pour les TPE-PME et ETI françaises. Comment cette offre fonctionne-t-elle ?

E.L. : Nous proposons un parcours digital pour adhérer à nos offres d’épargne salariale et de retraite : une offre « clé en main » destinée aux professions libérales et TPE (PEI/PERCOL-I GAY-LUSSAC EPARGNE) ; et une offre sur mesure pour les PME/ETI et Grands Groupes qui s’adaptera à la situation de chaque entreprise (PEE/PERCOL GAY-LUSSAC EPARGNE) ce qui est, à notre connaissance, une première dans le monde de l’épargne salariale.

Le parcours digital facilite l’accès à nos produits — en cohérence avec notre objectif de démocratisation —, à notre politique ESG en tant qu’entreprise responsable, et aux objectifs du législateur. Cela simplifie le processus d’adhésion, la charge administrative et réduit les délais de mise en place au sein des entreprises.

Nous adaptons l’offre de produits d’épargne avec des supports de placement disponibles afin de proposer une gamme de fonds la plus diversifiée possible avec des frais maîtrisés, compte tenu des besoins identifiés. Nous disposons d’une gamme de fonds maison (cinq fonds : actions, obligataires, ou mixtes, avec des dimensions ESG — dont deux fonds labellisés finance solidaire) et d’un partenariat avec Amundi. Il s’agit d’étendre l’offre à toutes sortes de classes d’actifs pour diversifier les placements (immobilier, actions émergentes, actions thématiques).

Les plus de GLG : la gratuité pour la rédaction des accords d’intéressement, de participation et des avenants pour notre offre sur mesure — que ce soit pour une TPE, une PME ou une ETI. Nous laissons la liberté de facturation à nos partenaires pour ces prestations. Il est important de noter que nous ne facturons aucun frais (tenue de compte, droits d’entrée) liés à l’accueil de l’épargne provenant du transfert des dispositifs.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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