Pétrole russe : les Etats européens adoptent un embargo

Asset Management - Cette semaine a été marquée par les annonces du sixième paquet de sanctions à l'encontre de Moscou. Les chefs d'Etats et de Gouvernement de l’Union européenne ont acté d'un embargo sur le pétrole russe.

« La Russie fait le choix de poursuivre sa guerre en Ukraine. En Européens, unis et solidaires du peuple ukrainien, nous prenons […] de nouvelles sanctions. Nous avons décidé de mettre fin aux importations de pétrole russe à 90% d’ici fin 2022 », a tweeté le Président de la République, Emmanuel Macron, le 31 mai dernier. 

« Pression maximale sur la Russie » 

Quelques jours plus tard, le lundi 6 juin, les chefs d’Etats et de Gouvernement de l’Union européenne se sont accordés sur un sixième paquet de sanctions à l’encontre de Moscou. La mesure phare est l’embargo sur le pétrole russe. 


( Conception : Mathilde Ledroit — Réalisation : Amandine Victor )

La dernière version du projet stipule : « Le Conseil européen convient que le sixième paquet de sanctions contre la Russie couvrira le pétrole russe, ainsi que les produits pétroliers, livrés par la Russie aux Etats membres. »  Dans les faits, l’arrêt des importations par tanker — bateau-citerne transportant du pétrole — sera effectif sous six mois. Concernant les produits pétroliers, la date butoir sera en janvier 2023. 

Charles Michel, le Président du Conseil européen, a salué sur Twitter : cet accord « couvre immédiatement plus des deux tiers des importations de pétrole de la Russie. » Cela réduit « une énorme source de financement » pour « la machine de guerre » moscovite, a-t-il poursuivi. L’ex-Premier ministre belge a conclu : « la pression est maximale sur la Russie pour mettre fin à la guerre. » 

La question de l’oléoduc Droujba 

L’adoption de ce sixième paquet de sanctions a suscité certaines craintes, notamment de la part des pays européens enclavés — Hongrie, Slovaquie et République tchèque —.  En effet, ces Etats sont tributaires des importations par l’oléoduc Droujba. Après de nombreux — et parfois vifs — débats, un accord a été trouvé. Ce pipeline de 5 500 kilomètres de long pourra rester « temporairement » en service. Pour l’heure, aucune deadline n’a été définie. 

Sur les réseaux sociaux, Victor Orbán, le Premier ministre hongrois, a rassuré : « Les familles peuvent dormir paisiblement, nous avons écarté l’idée la plus farfelue qui soit. » Un embargo total « aurait été insupportable pour nous […] mais nous avons réussi à l’éviter », a-t-il souligné. 

La réponse de la Russie 

La Russie a fait savoir par l’intermédiaire du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, que « ces sanctions auront un impact négatif sur l’ensemble du continent — pour les Européens, pour [les Russes], et pour l’ensemble du marché mondial de l’énergie. » Aussi, la fédération de Russie a notifié qu’elle réorienterait ses exportations de pétrole. Reuters rapporte que certains pays asiatiques, dont l’Inde, ont déjà acquis du brut russe à moindre coût.

Une conséquence à la pompe ? 

Le jeudi 9 juin, la Banque centrale européenne a livré ses projections trimestrielles. En tenant compte du conflit ukrainien et de l’embargo sur le pétrole russe, le baril pourrait osciller entre 100 et 140 dollars sur l’année 2022 en Union européenne.

Mathilde Ledroit - Le Courrier Financier

Journaliste

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