Trump is back

Asset Management - La trêve aura donc été de courte durée. En début de semaine dernière pourtant, les investisseurs se félicitaient de l’annonce d’un accord commercial de principe conclu entre les Etats-Unis et la Chine. Il prévoit de suspendre les hausses des tarifs douaniers annoncées par l’administration Trump ces derniers mois, en contrepartie d’un engagement de la Chine à importer davantage de produits américains, agricoles notamment.

«Une sorte de traité de paix» selon Larry Kudlow, l’un des principaux conseillers économiques de la Maison Blanche, qui enthousiasmait Donald Trump, même en l’absence d’engagement chiffré. Steven Mnuchin, secrétaire au Trésor, tempérait toutefois les ardeurs, rappelant que la guerre commerciale n’était que mise «entre parenthèses». Sans doute avait-il anticipé la suite.

Dès mardi, le président américain annonçait qu’il n’était finalement pas satisfait des récentes discussions sino-américaines. Le lendemain, le Wall Street Journal mettait encore un peu plus le feu aux poudres, en évoquant le projet américain de passage des droits de douane sur les voitures importées à 25%, pour des «raisons de sécurité nationale» et d’ouverture d’une enquête sur ces importations, alors que la Chine venait d’annoncer une baisse des droits de douane sur les importations automobiles. De quoi tendre de nouveau les relations entre les deux puissances, en passe de trouver une voie de rapprochement.

Situation analogue sur le dossier nord-coréen. Récemment encore, les espoirs de voir se tenir le 12 juin à Singapour un sommet historique entre les États-Unis et la Corée du Nord étaient élevés. Jeudi dernier, Donald Trump annonçait son annulation, dénonçant l’«hostilité» de Pyongyang. Entre les deux, on a assisté à une escalade verbale, entamée par John Bolton, nouveau conseiller américain à la sécurité, qui comparait le processus de dénucléarisation nord-coréen à celui de la Lybie. Une maladresse, accentuée par le vice-président Mike Pence, provoquant l’ire des autorités nord-coréennes qui ont vertement répondu en évoquant «des remarques idiotes et stupides».

Au global, un retour des tensions géopolitiques qui, alors que les marchés actions ont fortement rebondi depuis les points bas de mars, ont entraîné stress et regain de volatilité. Cela était prévisible. Donald Trump est en pleine campagne électorale en vue des Midterms et la rhétorique de la «guerre commerciale» est l’un de ses fers de lances pour (re)mobiliser son électorat. Sur le dossier nord-coréen, le nœud gordien est la fin des accords de défense entre la Corée du Sud et les États-Unis, la Corée du Nord n’acceptant de renoncer à ses infrastructures nucléaires que dans le cadre d’une dénucléarisation complète de la péninsule.

Nul doute qu’un renoncement au positionnement militaire américain dans la zone serait perçu par l’électorat de Trump comme un aveu de faiblesse. Bien loin de l’image que veut donner le président américain et pour laquelle il est prêt à bien d’autres déclarations qui ne manqueront pas d’agiter les marchés dans les mois à venir.

Didier Le Menestrel

Président de La Financière de l’Echiquier

Voir tous les articles de Didier