PME-ETI : Small & Mid Cap, un segment de la cote qui résiste à la crise sanitaire

Asset Management - Après un premier semestre 2020 très chahuté, les PME-ETI cotées font preuve de résilience en France. Quel a été l'impact de la crise sanitaire sur les petites et moyennes valeurs ? Quels sont les gagnants structurels qui tirent leur épingle du jeu ? Afin de mieux comprendre ce segment de la cote, Portzamparc Gestion publie une étude intitulée « La puissance des PME au cœur de notre gestion ». Explications avec Le Courrier Financier.

« Sell in may and go away, buy again on St Leger Day ». D’après le proverbe boursier, il serait toujours plus judicieux de vendre ses actions en mai pour revenir sur les marchés en septembre. Malgré le chaos engendré par la crise sanitaire du coronavirus, l’adage semble se vérifier en 2020.

« Dans un contexte de taux bas et d’absence d’alternative, le marché actions conserve tout son intérêt », souligne Portzamparc Gestion — spécialiste des Small & Mid Caps — dans sa dernière étude sur les PME-ETI cotées, publiée le 18 septembre. Les petites et moyennes valeurs ont peu baissé au deuxième trimestre, et amorcent même leur remontée.

PME-ETI, le rebond malgré la crise

Début 2020, les PME-ETI cotées ont souffert des effets de la crise. Le repli de l’activité atteignait – 17,8 % au T2 2020 par rapport au T2 2019 (évolution du CA médian des sociétés composant l’indice CAC Mid&Small), avec une réduction de l’ordre de – 30 % par rapport au niveau d’avant crise (T4 2019). Une chute historique, puisque la pire baisse pendant la crise de 2009 se situait à – 5,4 % (au cours du dernier trimestre).

Cependant, par rapport aux grandes capitalisations, « le rebond des petites capitalisations s’est toujours révélé plus important en sortie de crise », relève Portzamparc Gestion. La reprise d’activité montre un retour aux nivaux d’avant crise pour ce segment de la cote. Un consensus table sur une reprise à + 95 % d’ici la fin d’année.

« La chute de l’activité sur le premier semestre fut importante, mais en annualisant les données, le constat n’est pas si désastreux au regard des prévisions pour l’année 2021 », résume l’étude. Les petites et moyennes valeurs présentent des perspectives de rebond importantes dès l’an prochain.

Sur un échantillon de 139 sociétés du CAC Mid & Small, le bureau d’analyse de Portzamparc table sur + 7 % de chiffre d’affaires (CA) en 2021 et + 30 % pour le résultat d’exploitation en 2021. Ce segment de la cote bénéficie également d’une moindre représentation que les grandes capitalisations dans les secteurs très pénalisés par la crise sanitaire comme les banques, l’aéronautique, l’automobile ou encore l’hôtellerie.

Digitalisation, le secteur tech s’affirme

L’univers des petites et moyennes valeurs cotées accuse néanmoins des disparités sectorielles importantes. En termes de niveau d’activité, l’événementiel s’est effondré (entre – 65 % et – 80 %) avec un impact très lourd sur des sociétés comme GL Events, Hopscotch et JC Decaux.

Le tourisme reste également en berne (80 % de baisse d’activité sur le T2 2020), malgré une bonne résistance sur le premier trimestre. En revanche, « la crise du Covid a servi d’accélérateur pour certains gagnants structurels, comme les valeurs technologiques ou de santé », analyse Karim Jellaba, Directeur du Developpement Commercial chez Portzamparc Gestion.

Ces deux secteurs tirent leur épingle du jeu face aux enjeux nés de la crise sanitaire. La digitalisation du monde du travail s’impose comme la colonne vertébrale de la compétitivité. D’après l’INSEE, 90 % des entreprises françaises ont opté pour le télétravail pendant le confinement. Du pain béni pour les acteurs de la gestion des données, de la mobilité et de la transition digitale !

Plus de 8 entreprises technologiques sur 10 prévoient la reprise de leur activité dès le second semestre 2020. « La santé et la technologie participent largement à la progression des indices de petites capitalisations », avec des sociétés comme Solutions 30, Biomérieux ou Sartorius Stédim.

Des catalyseurs puissants

Faut-il craindre les conséquences économiques d’une deuxième vague de coronavirus ? « Cette épée de Damoclès pèse sur toutes les classes d’actifs, Dans les mois à venir, les PME-ETI vont profiter pleinement des relances budgétaires et monétaires — que ce soit à l’échelle européenne ou nationale », concède Karim Jellaba, Responsable Developpement Commercial chez Portzamparc.

Dans les mois à venir, les PME-ETI vont profiter pleinement des relances budgétaires et monétaires — que ce soit à l’échelle européenne ou nationale. La France a choisi d’assouplir la pression fiscale sur les entreprises, et de déployer 300 milliards d’euros à travers le dispositif des prêts garantis par l’Etat (PGE).

Côté marchés, le label « France Relance » distingue les fonds les mieux positionnés pour une reprise durable de l’économie, à travers le financement des PME et ETI. Les opérations de fusion-acquisition sont en hausse, avec 10 offres en juin-juillet 2020 sur l’ensemble d’Euronext — soit plus que pendant le premier semestre.

Un segment à ne pas négliger

Les petites et moyennes valeurs restent encore loin de leurs plus-haut historiques. La forte baisse de 2018 sur les PME-ETI cotées a fortement détendu les valorisations, affichant ainsi des niveaux inférieurs à ceux du CAC 40.

« L’année 2018 a assaini ce segment de la cote, et nous constatons un rattrapage des petites et moyennes valeurs depuis le début d’année avec une performance boursière au dessus des grandes valeurs », explique Karim Jellaba.

Si un rééquilibrage ou une normalisation ne sont jamais à exclure, les PME-ETI bénéficient d’une prime à la croissance. « Les petites et moyennes valeurs resteront toujours un atout dans le portefeuille des investisseurs », conclut Karim Jellaba.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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