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L’intelligence artificielle (IA), nouvelle frontière de l’investissement ? Depuis le lancement de ChatGPT en novembre 2022, le potentiel de l’IA attire les investisseurs particuliers. Et les seniors (âgés de 55 ans et plus) sont les plus enthousiastes, relève eToro. Fin mars 2023, la plateforme de trading publiait les résultats de son dernier baromètre trimestriel de l’investissement particulier. Cette enquête mondiale a été menée dans 13 pays différents, auprès de 10 000 investisseurs particuliers (utilisateurs de la plateforme) dont 1 000 Français. Il en ressort que les seniors s’intéressent massivement aux actions du secteur de l’IA.
Entre frénésie et diversification
D’après cette enquête, un investisseur senior sur six (60 %) dans le monde a ouvert des positions sur l’une des actions les plus populaires de l’IA au T1 2023. Cet attrait est encore plus marqué en France, où jusqu’à 93 % des plus de 55 ans ont ouvert des positions sur la même période. « Nos données montrent clairement que la frénésie autour de ChatGPT a gagné tous les groupes d’âge. Sur eToro, les baby-boomers adoptent même les actions liées à l’IA à un rythme plus rapide que leurs homologues de la génération Y », explique Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l’analyse des marchés pour eToro.
Et ce n’est pas l’appel des grands noms de la tech à un moratoire sur l’IA qui refroidira leurs ardeurs. « L’intérêt pour les valeurs de l’intelligence artificielle est grandissant. C’est le cas sur eToro où C3.ai, par exemple, a vu le nombre de détenteurs français augmenter de plus de 7 000 %. Je recommanderais à toute personne intéressée par l’investissement dans l’IA, comme dans tous les secteurs, de bien se renseigner avant d’investir », précise Antoine Fraysse-Soulier, contacté par Le Courrier Financier. « N’oubliez pas non plus l’importance de diversifier votre portefeuille : veillez à ne pas concentrer vos investissements sur ce seul secteur ».
Quand l’IA devient incontournable
« Selon Google, la vitesse de développement de l’IA suit une loi, celle d’un doublement tous les 6 mois (…) Cette technologie révolutionnaire qui se développe à une vitesse fulgurante nécessite des investissements majeurs en infrastructure de calcul. New Street Research a déterminé que si Google déployait un algorithme similaire à ChatGPT pour alimenter son moteur de recherche utilisé par plus de 4 milliards d’humains chaque jour, plus de 80 milliards de dollars seraient nécessaires », rappelait Rolando Grandi, CFA, gérant de fonds chez La Financière de l’Echiquier (LFDE), en février dernier sur Le Courrier Financier.
La tendance devient incontournable. Environ un senior sur six (17 %) prévoit d’augmenter ses investissements dans des secteurs susceptibles de bénéficier de l’IA, quand seuls 5 % envisagent de réduire leur allocation à ces secteurs. Opportunité ou menace pour le secteur de la gestion active ? Près de la moitié (46 %) de ce groupe d’âge utiliserait l’IA ou le machine learning pour gérer leur portefeuille plutôt qu’un gestionnaire de fonds humain. « En plus d’être de plus en plus facile à investir, l’IA a le potentiel de jouer un rôle central dans la stratégie des investisseurs particuliers », relève Antoine Fraysse-Soulier.
3 questions à… Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l’analyse des marchés pour eToro
Le Courrier Financier : Que représente le marché de l’intelligence artificielle (IA) dans le monde en 2023 ? Quelles sont ses perspectives ?
Antoine Fraysse-Soulier : Selon la société d’études IDC, le marché de l’intelligence artificielle (IA) — logiciels, matériels et services — a progressé de 19,6 % en 2022 pour atteindre 432 milliards de dollars. Les 500 milliards de dollars devraient être franchis dès 2023, soit une année plus tôt qu’attendu.
Le segment des logiciels reste le plus étendu du marché. Les applications d’IA représentent 47 % des dépenses, les systèmes logiciels d’infrastructure d’IA 35 %. Toutefois, ce sont les plateformes d’intelligence artificielle qui affichent la plus forte dynamique (+34,6 % de croissance annuelle attendue d’ici 2025). Les services d’IA devraient croître en moyenne de +22 % par an pour peser 52,6 milliards de dollars à horizon 2025.
C.F. : Dans quels secteurs trouver des opportunités d’investissement ? Quels sont les supports les plus intéressants pour investir ?
A.F.S. : Les opportunités d’investissement se trouvent dans la Tech, mais la plupart des sociétés développant l’IA sont des startups non cotées en Bourse. C’est par exemple le cas de la plus connue, Open AI, qui a mis au point le révolutionnaire ChatGPT, et qui n’est pas cotée en Bourse.
En revanche, il est possible d’investir à travers les Big Tech, notamment Microsoft qui a pris une longueur d’avance, signant un partenariat de 10 milliards de dollars avec OpenAI. Ou encore Google qui a investi 300 millions de dollars dans Anthropic, spécialisée dans l’IA. Il est également possible d’investir à travers des ETF — des fonds qui répliquant la performance de leur indice de référence [fonds indiciels NDLR]. Voici les cinq plus gros :
- Xtrackers Artificial Intelligence & Big Data ;
- AMUNDI STOXX Global Artificial Intelligence ;
- WisdomTree Artificial Intelligence ;
- L&G Artificial Intelligence ;
- Global X Robotics & Artificial Intelligence.
C.F. : Comment expliquez-vous l’appétence des investisseurs particuliers plus âgés (plus de 55 ans) pour les actions d’IA sur eToro ?
A.F.S. : Je vois deux principales pistes d’explication à cette appétence nouvelle. D’une part, l’omniprésence de l’IA dans l’actualité a permis aux baby-boomers de mieux s’informer sur l’opportunité que représente ce secteur, où nous ne les attendions pas forcément initialement.
D’autre part, une partie du phénomène peut s’expliquer par le fait que les plus de 55 ans ont « rattrapé leur retard » face aux plus jeunes qui avaient déjà « pris de l’avance » en matière d’investissement dans l’intelligence artificielle. L’IA, qui a pu sembler être un secteur peu fiable par le passé, s’ancre désormais durablement dans l’écosystème financier et attire davantage d’investisseurs expérimentés dans le cadre d’une stratégie de diversification.
