Investissement particulier : les ETF progressent dans les portefeuilles des Français

Asset Management - Fin mars 2023, la plateforme d'investissement eToro publiait les résultats de son enquête trimestrielle sur l'investissement des particuliers. Si les Français s'intéressent de plus en plus aux ETF, ils investissent encore en priorité sur les marchés actions. Quelles tendances se dessinent en 2023 ? Le point avec Le Courrier Financier.

Malgré une année 2022 difficile, les investisseurs particuliers n’ont pas déserté la bourse. Trois Français sur quatre (75 %) indiquent avoir confiance dans leur portefeuille au T1 2023. Ils étaient seulement 61 % au trimestre précédent. Ces résultats, publiés fin mars 2023, sont tirés d’une enquête trimestrielle eToro (en anglais) menée auprès de 10 000 investisseurs particuliers dans 13 pays différents, dont 1 000 Français. « La volatilité et la baisse des marchés de l’année dernière semblent avoir été les catalyseurs pour un retour des investisseurs », explique Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l’analyse des marchés pour eToro.

Pour les Français, investir en actions signifie se tourner vers l’international. D’après le baromètre, près d’un Français sur deux (48 %) investissait dans les actions nationales au T1 2023. C’est moins qu’au trimestre précédent (56 % au T4 2022). « La diversité et l’accessibilité à des milliers d’actions montrent que, désormais, les investisseurs semblent envisager certaines options qui ne sont pas disponibles localement. Le marché français a une très faible pondération (3 % à 4 %) des marchés boursiers internationaux. Il y a 45 grands marchés boursiers développés et émergents, pas un seul ! », relève Antoine Fraysse-Soulier.

Investissement particulier : les ETF progressent dans les portefeuilles des Français
Source : AMF, Tableau de bord des investisseurs particuliers actifs, janvier 2023

Les ETF huit fois moins négociés que les actions

Fondée en 2007, la plateforme multi-actifs eToro met ces données en perspective. « Il n’a jamais été aussi facile ou moins cher pour les investisseurs de profiter de la diversification et des opportunités d’investissement dans le reste du monde, avec plus d’ETF et des commissions proche de zéro, par exemple », constate Antoine Fraysse-Soulier. En janvier dernier, l’Autorité des marchés financiers (AMF) soulignait la progression du nombre d’investisseurs en ETF chez les particuliers — ils étaient 250 000 en 2022, contre 218 000 l’année précédente. Sur cinq ans (2018-2022), l’AMF recense 450 000 investisseurs particuliers sur le marché des ETF.

Dans un entretien exclusif avec Le Courrier Financier en mars dernier, Marc Braun, Responsable France & Pays-Bas chez Scalable Capital, analysait cet attrait des Français pour les fonds indiciels. « Les ETF ont la cote mais sont encore huit fois moins négociés que les actions selon l’AMF en 2022. Les particuliers connaissent de mieux en mieux les avantages des ETF à commencer par les frais inférieurs aux produits habituellement proposés en agence bancaire pour une performance souvent égale ou meilleure. Avec les intérêts composés, cette différence devient très vite très conséquente et les Français en ont pris conscience », nous disait-il.

Investissement particulier : les ETF progressent dans les portefeuilles des Français
Source : AMF, Tableau de bord des investisseurs particuliers actifs, janvier 2023

3 questions à… Antoine Fraysse-Soulier, responsable analyse de marchés chez eToro

Le Courrier Financier : Depuis la crise Covid, les Français manifestent un intérêt croissant pour les ETF. Quelle place devraient-ils donner à leur portefeuille ?

Investissement particulier : les ETF progressent dans les portefeuilles des Français
Antoine Fraysse-Soulier

Antoine Fraysse-Soulier : Selon les données de l’AMF, le nombre de particuliers ayant réalisé au moins une transaction a augmenté de 75 % entre 2018 et 2022 — passant de 142 000 en 2018 et 250 000 en 2022. Pourquoi un tel engouement ?

Tout d’abord, les EFT permettent d’investir sur une zone géographique ou un secteur entier évitant ainsi de prendre le « pari » d’investir sur uniquement une ou deux actions du secteur. Les ETF permettent donc de lisser son risque et d’investir sur la totalité d’un secteur d’activité.

Ensuite, il y a la possibilité d’investir sur une zone géographique où les actions sont plus difficiles d’accès comme les pays émergents. Par exemple, si vous souhaitez vous exposer au Brésil, vous pouvez avoir la possibilité d’investir sur un ETF qui sera investi dans les entreprises qui composent l’indice brésilien (Brazil Index MSCI ishares). Donc les ETF sont des produits de diversification qui peuvent avoir du sens dans un portefeuille.

C.F. : D’après votre baromètre, les Français investissent peu dans leurs actions nationales. Pourquoi ce désamour ?

A.F.S. : Les Français investissent peu dans leurs actions nationales, effectivement, mais c’est une tendance globale que nous observons dans d’autres pays — Royaume-Uni, Espagne, Italie, etc. Les actions étrangères sont de plus en plus accessibles à travers des plateformes comme eToro, par conséquent les investisseurs diversifient leurs zones géographiques d’exposition.

C.F. : Est-ce le moment de se pencher sur les Small & Midcaps?

A.F.S. : Concernant les Small & Midcaps, elles sous-performent les Larges Caps, à l’image du CAC Mid&Small qui progresse de +5 % en 2023 contre +13 % pour le CAC 40 ! Cela pourrait continuer dans le sens où nous arrivons à point crucial du cycle économique. Les politiques monétaires très restrictives depuis plus d’un an commencent à avoir des effets négatifs sur la demande et la consommation des ménages.

Les petites et moyennes entreprises (PME) sont encore plus dépendantes du cycle économique que les grandes entreprises. Si l’économie entrait en récession au second semestre 2023, par exemple, elles pourraient sous-performer — ce qui est historiquement le cas.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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