Crédit corporate : bilan mitigé en juin

Asset Management - Muzinich & Co livre son tour d'horizon du crédit corporate, aux Etats-Unis, en Europe et sur les marchés émergents. High Yield, Investment Grade ou Loans, le marché des obligations d'entreprises signe un bilan mitigé au mois de juin .

Etats-Unis : le High Yield en positif

Les performances des marchés obligataires américains ont été mitigées pour le mois, avec le high yield et les loans générant des performances positives, tandis que le segment investment grade a reculé. La première moitié du mois a été généralement positive tant pour le high yield que pour l’investment grade, mais le sentiment de marché a commencé à se détériorer en raison de l’escalade dans la rhétorique de guerre commerciale. Les actifs risqués comme le high yield ont observé des sorties, alors que les bons du Trésor américain ont connu une collecte dans le sillage d’une fuite vers la qualité en réaction à la recrudescence des inquiétudes d’une guerre commerciale.

Les loans restent populaires auprès des investisseurs préoccupés par la hausse des taux, conduisant ainsi à des flux nets au cours du mois. Du côté de l’offre, nous ne constatons qu’un nombre limité d’obligations high yield arrivant sur le marché, ce qui laisse croire que les facteurs techniques de l’offre demeurent favorables. L’histoire est différente pour le segment investment grade, cependant, comme une perspective positive de fusion-acquisitions après l’approbation du gouvernement pour le deal sur AT&T a conduit à un pipeline de nouvelles émissions important sur le segment investment grade. La Réserve Fédérale (Fed) a relevé ses taux ce mois-ci et a annoncé poursuivre son engagement pour une normalisation de sa politique monétaire en supposant que les données économiques restent favorables.

Europe : l’Investment Grade surperforme le High Yield

La performance du marché du crédit européen a été mitigée en juin, les obligations investment grade ayant surperformé les obligations high yield, même si les deux ont clôturé le mois en territoire négatif. La Banque centrale européenne a continué à rattraper son homologue américain en termes de politique monétaire et a annoncé la fin définitive de l’assouplissement quantitatif d’ici la fin de 2018 – une évolution largement attendue par le marché et donc déjà intégrée dans les niveaux des spreads de crédit européens.

En Allemagne, le risque politique est revenu, car la coalition récemment formée par Angela Merkel a débattu autour de la question litigieuse de l’immigration (bien que cela ait été résolu début juillet). Le risque politique est également resté élevé en Italie en raison des préoccupations actuelles concernant le nouveau gouvernement de coalition eurosceptique du pays. Cela s’est traduit par des rendements plus élevés sur les titres souverains italiens et une volatilité accrue des marchés – une situation qui devrait perdurer quelque temps. Les banques européennes ont continué d’être pénalisées par la volatilité politiquement induite, en raison de leur lien implicite avec le gouvernement.

Marchés émergents : rendements mitigés

Les entreprises des marchés émergents ont continué de ressentir des événements exogènes en grande partie en relation avec les États-Unis – notamment la hausse des taux (avec la mise en œuvre d’une nouvelle hausse de la part de la Réserve fédérale américaine), le renforcement du dollar et la reprise des guerres commerciales. Cela s’est traduit par une performance mitigée de la classe d’actifs avec des rendements positifs du segment investment grade alors que le high yield a sous-performé.

Les élections ont figuré parmi les priorités des marchés émergents en juin. En Turquie, le président sortant Erdogan a été réélu pour un autre mandat, pesant sur le sentiment de marché en raison des craintes de l’impact de son régime de plus en plus autocratique et de ses opinions non orthodoxes que cela pourrait avoir sur l’économie du pays. Au Mexique, la victoire du candidat de gauche Andrés Manuel López Obrador a été connue à la fin du mois (confirmée par les résultats annoncés début juillet), son élection étant considérée comme un vote de protestation contre la corruption brisant le paysage politique mexicain pour un moment. La Colombie a également été témoin de l’élection d’un nouveau leader à l’élection présidentielle après le succès du candidat de droite Iván Duque, que le marché a pris comme une nouvelle positive en raison de son approche orthodoxe de la réforme économique.

La rhétorique de la guerre commerciale de Trump est revenue sur le devant de la scène, avec 50 milliards de dollars américains de droits de douanes sur les importations chinoises et, une menace d’augmenter ces droits de douane 200 milliards de dollars, ce qui laisse craindre des répercussions sur l’économie mondiale. La Chine a également été confrontée à des inquiétudes concernant un ralentissement, alors que la demande intérieure faiblit et que le gouvernement tente de resserrer les conditions de crédit.

La Rédaction - Le Courrier Financier

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