Tesla : Elon Musk vend 10 % de ses actions, en plein débat sur l’impôt sur la fortune aux USA

Actualités - Le weekend dernier, Elon Musk a annoncé sa volonté vendre 10 % de ses actions Tesla après avoir sondé ses abonnés Twitter — d'après lui, en réaction au projet américain d'impôt sur la fortune pour les milliardaires. Comment les marchés réagissent-ils ? Quelles sont les véritables raisons sous-jacentes de cette décision ?

Tesla : Elon Musk vend 10 % de ses actions, en plein débat sur l'impôt sur la fortune

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

Face à l’impôt, Elon Musk se prend-t-il pour Robin des Bois ? Ce samedi 6 novembre, Elon Musk interrogeait ses 62,7 millions d’abonnés sur Twitter. « Dernièrement, on a beaucoup parlé des plus-values latentes comme moyen d’évasion fiscale. Je propose donc de vendre 10 % de mes actions Tesla. Soutenez-vous cette idée ? », a-t-il demandé. L’homme le plus riche du monde avait promis de suivre l’avis de ses followers. Plus de 3,5 millions d’utilisateurs de Twitter ont joué le jeu. Une large majorité s’est prononcée en faveur de la vente (près de 58 %). Une façon pour Elon Musk de s’inviter dans le débat sur la taxation des milliardaires.

Taxer les riches

Le patron de Tesla est un habitué des coups d’éclats en ligne. Le 26 octobre dernier, Elon Musk réagissait sur Twitter au sujet du dernier projet américain d’impôt sur la fortune. « A la fin, ils épuisent l’argent des autres et viennent pour prendre le vôtre », écrivait-il. Ce projet de loi — annoncé par Ron Wyden, président de la commission sénatoriale des finances, et d’autres élus démocrates — vise à lutter contre l’évasion fiscale des grandes fortunes. Le projet concerne environ 700 milliardaires américains, qui seraient taxés chaque année sur les plus-values latentes de leurs portefeuilles boursiers et autres actifs, notamment immobiliers.

Manifeste politique… ou position intéressée ? Certes, Elon Musk ne reçoit ni salaire ni bonus financier de la part de Tesla. Vendre des titres reste son unique moyen d’acquitter ses obligations fiscales. Or, il devra bientôt payer 15 milliards de dollars au fisc américain — dans le cadre d’une taxe sur la plus-value réalisée sur ses stock-options reçues en 2012. Jusqu’en août prochain, Elon Musk peut acquérir 22,8 millions d’actions Tesla à seulement 6,24 dollars par action. Il devrait être taxé à 54,1 % de la plus-value entre le prix de marché et le prix d’exercice, selon CNBC. Elon Musk, victime d’un shériff de Nottingham des temps modernes ? Pas vraiment.

Et tout le monde ne rit pas à la lecture de ses tweets. « Elon Musk n’est qu’un troll de Twitter, qui se trouve aussi être la personne la plus riche du monde », s’est indigné Robert Reich, économiste et professeur à Berkeley, ce lundi 8 novembre sur Twitter. « Taxez les riches ! » martèle-il.

Chute de l’action Tesla

Cette annonce en ligne devait sans doute jouer un rôle rassurant auprès des marchés financiers, et limiter la volatilité du cours de l’action Tesla. Peine perdue, visiblement. Ce mercredi 10 novembre, l’action Tesla avait perdu 16 % en deux jours — soit une perte sèche de 50 milliards de dollars pour Elon Musk rapporte Business Insiders. Malgré ce soubresaut, les actions Tesla sont toujours en hausse de 40 % depuis le début de l’année. Elon Musk conserve sa première place dans le classement mondial des grandes fortunes. D’après l’index Bloomberg, son patrimoine (« valeur nette ») atteint 294 milliards de dollars ce vendredi 12 novembre 2021.

Source : Bloomberg
Source : Bloomberg
Capture d’écran 12/11/2021

Dernier élément d’explication, Tesla a révélé à la SEC — organisme américain de régulation et de contrôle des marchés financiers — qu’Elon Musk avait contracté des emprunts en utilisant ses actions comme garanties. L’entreprise prévient que « si le prix de nos actions ordinaires devait baisser considérablement, Monsieur Musk pourrait être contraint par une ou plusieurs des institutions bancaires de vendre des actions ordinaires de Tesla pour satisfaire à ses obligations de prêt, s’il ne pouvait pas le faire par d’autres moyens. De telles ventes pourraient entraîner une nouvelle baisse du prix de nos actions ordinaires. » Nous sommes loin de Robin des Bois.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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