Réforme des retraites : la France atteinte de la fièvre du 49.3

Actualités - Cette semaine, les manifestations se poursuivent en France en réaction à l'utilisation de l'article 49.3 par le gouvernement dans le cadre de son projet de réforme des retraites. L'impact politique, social et économique reste difficile à évaluer sur le long terme. Quel bilan pour cette semaine chahutée ? Le point avec Le Courrier Financier.

Réforme des retraites : la France atteinte de la fièvre du 49.3

Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor

Ce lundi 20 mars, le gouvernement d’Elisabeth Borne a survécu à deux motions de censure à l’Assemblée nationale — après l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution sur son projet de réforme des retraites. La motion de censure déposée par le groupe centriste Libertés Indépendants Outre-mer et Territoires (Liot) soutenue par la coalition de gauche Nupes et le Rassemblement national (RN) n’a recueilli que 278 voix, soit neuf voix de moins que les 287 requises. Une deuxième motion de censure déposée par le RN a obtenu 94 voix. Face à ce résultat, les manifestations se poursuivent dans la rue ce vendredi.

Les Français envahissent les rues

La France vient de connaître une semaine de forte mobilisation sociale. Ce mercredi 22 mars, Emmanuel Macron s’est exprimé lors d’une interview au journal de 13 heures sur TF1 et sur France2. Il a émis le souhait que la réforme des retraites entre en vigueur d’ici la fin de l’année, excluant tout recul sur ce texte emblématique. Le Président de la République assure comprendre la « colère légitime » des Français, et compte réunir prochainement les partenaires sociaux. La CGT et la CFDT ont fustigé le « mépris » et « mensonge » du Chef de l’Etat.

Cette prise de parole n’a pas eu d’effet d’apaisement. Ce jeudi 23 mars, les opposants à la réforme des retraites ont envahi les rues pour la 9e journée de grèves et de manifestations. La CGT revendique 3,5 millions de manifestants en France. Le ministère de l’Intérieur avance le chiffre de 1,08 million de personnes. Des affrontements violents ont eu lieu entre les manifestants et les forces de l’ordre dans plusieurs villes (Nantes, Bordeaux, Lorient, Paris) menant à de nombreux dégâts matériels, plusieurs blessés graves — à Rouen, une femme a eu le pouce arraché suite à un tir de grenade — et 457 interpellations.

Le roi Charles III reporte sa visite

Dans ce contexte, difficile faire bonne figure sur la scène internationale. Ce vendredi 24 mars, le roi Charles III d’Angleterre a annulé sa visite officielle en France — qui devait initialement avoir lieu dans les jours à venir, du dimanche 26 au mercredi 29 mars. Le souverain âgé de 74 ans, vient de succéder à sa mère Elizabeth II, décédée en septembre dernier. Un porte-parole du gouvernement britannique a confirmé le report de la visite royale, évoquant une décision « prise avec l’accord de toutes les parties, après que le président français a demandé au gouvernement britannique de reporter la visite ».

Une source proche du dossier, citée par Reuters, évoque des appels sur les réseaux sociaux à perturber la visite du roi. L’Elysée a donc jugé plus prudent de reporter cette visite. « C’est dommage, c’est gâché », regrette l’entourage présidentiel. « La réunion des rois à Versailles dispersée par la censure populaire », a commenté Jean-Luc Mélenchon (fondateur de La France Insoumise) sur Twitter. « Puisqu’il ne reçoit plus le roi d’Angleterre Charles III, Macron peut recevoir l’intersyndicale maintenant ? », a renchéri Alexis Corbière, député LFI-Nupes de Seine-Saint-Denis. Ambiance fumigènes et guillotine.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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