Réforme des retraites : en grève jusqu’à Noël ?

Actualités - Cette semaine, la grève des transports se poursuit en France. Les explications d'Edouard Philippe sur la réforme des régimes de retraite — motif de la grève — n'ont pas convaincu les syndicats. La question de l'âge pivot reste un point d'achoppement important. Si les négociations ne progressent pas, la grève pourrait durer jusqu'à Noël.

Réforme des retraites : en grève jusqu'à Noël ?

(Conception : Mathilde Hodouin – Création : Charlotte Thomas)

Pas de trêve des confiseurs cette année. Ce jeudi 12 décembre, le secrétaire général de la CGT-Cheminots a déclaré sur franceinfo que la grève des transports devrait se poursuivre à Noël. Le mouvement social paralyse qui la France depuis le 5 décembre s’étendra donc à la période des fêtes, « sauf si le gouvernement revient à la raison » sur son projet de réforme du système des retraites, a précisé Laurent Brun. Cette réaction survient au lendemain de l’intervention du Premier ministre Edouard Philippe, qui présentait ce mercredi 11 décembre le calendrier progressif de la réforme. Le projet de loi doit encore être soumis au conseil des ministres le 22 janvier prochain. Il sera ensuite discuté au Parlement fin février.

La question de l’âge pivot

Devant le Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris, Edouard Philippe a défendu « un nouveau pacte entre les générations », qui resterait « fidèle » aux valeurs fondatrices de 1945 tout en prenant « mieux en compte les nouveaux visages de la précarité ». Les 42 régimes existants — régimes spéciaux compris : SNCF, EDF, RATP, etc. — céderont la place à un régime unique à points. Ces derniers doivent remplacer les trimestres pour le calcul des pensions. Ils seront convertis en euros à la retraite. « La loi prévoira une règle d’or pour que la valeur des points acquis ne puisse pas baisser et avec une indexation non pas sur les prix mais sur les salaires, qui progressent plus vite que l’inflation en France », insiste Edouard Philippe.

Les générations nées avant 1975 ne seront pas concernées, ce qui constitue un assouplissement du calendrier initial. Jusqu’en 2037, ce seront donc les anciennes règles qui s’appliqueront pour calculer la pension des Français qui liquideront leurs droits à 62 ans, rapporte Reuters. Malgré ce geste d’apaisement, la mise en place d’un « âge d’équilibre » avec un système de bonus-malus — proposition du rapport de Jean-Paul Delevoye — ne passe pas auprès des syndicats. Le gouvernement a prévu d’instaurer un « âge pivot » à partir de 2022, afin d’atteindre 64 ans en 2027. Objectif, équilibrer financièrement le système. Pour Laurent Berger, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, « une ligne rouge a été franchie ».

Et maintenant, on va où ?

Signe d’un échec de la communication, les syndicats réformistes — CFDT, UNSA et CFTC — ont rejoint dès ce mercredi l’opposition au projet gouvernemental. Ce désaccord complique la donne pour l’exécutif, qui craint un scénario comparable à 1995. Pour rappel, les grèves contre le plan Juppé avaient duré plus de trois semaines. La future gouvernance du régime — où les partenaires sociaux doivent jouer un rôle central — aura pour tâche principale de définir d’ici le 1er janvier 2022 les paramètres du dispositif. Le retour à l’équilibre financier du système des retraites sera également de leur responsabilité, comme c’est déjà le cas pour les régimes complémentaires. Dans le cas contraire, l’Etat reprendra la main.

Tout le gouvernement est mobilisé pour renouer le dialogue. Il y a « de la place pour la discussion, pour la négociation, sur la pénibilité, sur les modalités pour parvenir à l’équilibre », a certifié Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, ce jeudi 12 décembre sur le plateau de France 2. Le même jour, la CFDT, la CFTC, l’Unsa et la FAGE — syndicat étudiant — demandaient au gouvernement d’éclaircir d’autres sujets de préoccupation tels que la pénibilité, la retraite progressive, le minimum de pension, les mesures pour les fonctions publiques et les régimes spéciaux. Du côté des professionnels de l’épargne retraite, ces rebondissements sont scrutés avec attention, juste après le lancement du nouveau Plan d’Epargne Retraite (PER) le 1er octobre dernier dans le cadre de la loi PACTE.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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